RESUME : Mayssa doit le chercher pour le voir. Hamid a vraiment changé. Sa cousine Nadia a réussi à le convaincre que sa mère est une sorcière. Il ne veut plus parler avec elle. Mayssa s'en va trouver sa cousine pour avoir des explications… Elle attend longtemps devant l'appartement où Nadia vit en pension. La propriétaire des lieux l'a prévenue. Il y a des soirs où elle ne rentre pas. Mayssa est décidée à attendre le temps qu'il faudra pour voir Nadia. Il est près de vingt heures quand elle rentre. Elle est surprise de la voir. - Qu'est-ce que tu fais ici ? - On m'a dit que tu as cherché après moi, répond Mayssa. Et aussi que tu dénigrais ma mère. D'après toi, elle serait une vilaine sorcière. - Ecoute, je n'ai rien contre toi, réplique sa cousine. Je tenais à ce que tu saches la vérité. Si nos familles ne se fréquentent pas, c'est parce qu'ils ne lui font pas confiance. Pour avoir le dernier mot, elle a toujours eu recours aux services d'une vieille du village. Elle faisait des miracles pour certains. A d'autres, elle leur empoisonnait l'existence avec des maux inconnus. Ma mère et mes tantes ne se sont pas passées le mot, elles ne s'entendent pas entre elles mais sur ce point, elles sont d'accord. Ta mère doit avoir gardé quelques potions et des amulettes. Même les marabouts ne peuvent rien. Vois ce qui est arrivé à Hamid. - Que gagnes-tu en échange ? Tous croient que c'est vrai, s'écrie Mayssa. Ta mère et tes tantes doivent être jalouses d'elle. Tout comme toi tu l'es de moi. Depuis que Adel a posé les yeux sur moi, tu m'en veux. Il faut que tu fasses le nécessaire pour le détourner de moi, la fille d'une sorcière, alors que ta mère est digne de confiance ! Pourquoi ma mère aurait connu cette sorcière et pas ta mère ? - Mes parents et mes oncles sont allés vivre en ville. Ils ne sont pas restés au village. Ta mère, lui rappelle-t-elle, s'y est souvent rendue. Même si elle n'a plus de famille là-bas. Ne me dis pas qu'elle avait la nostalgie du village ! Je n'y croirais pas. - Pour toi, il n'y a pas l'ombre d'un doute, réplique Mayssa. Vous êtes des anges et ma mère, le diable ! Je n'aurais pas dû venir. - Peut-être que tu es de mèche avec elle ? émet Nadia. En tout cas, si tu ne l'es pas, je te conseille d'être sur tes gardes. Tu pourrais être la prochaine au cas où tu lui désobéirais. Mayssa regrette d'être venue. Elle retourne à la cité en taxi. À la tête qu'elle fait, ses camarades de chambre viennent lui demander ce qui ne va pas. - Tu as encore mal à la tête ? Tu n'as pas de médicaments ? - Ils m'assomment, je dois éviter de les prendre, ment-elle. Votre sollicitude me touche. Merci. J'ai besoin d'être seule. Un peu de silence me fera du bien. Lydia fait signe aux filles de la laisser tranquille. Ce soir-là, Mayssa ne dormira pas. Non seulement troublée par les propos que lui a tenus Nadia, il y a les murmures des filles. Toutes sont au courant et il est clair comme l'eau de roche qu'elles y croient. Avant de s'endormir, elles s'échangent les dernières impressions. Elles sont convaincues que Mayssa feint d'être souffrante afin d'être seule, sachant qu'elle et sa mère étaient découvertes. Rien n'excuse ce qui a été fait. Hamid ne s'est pas encore remis. Il suffit de le voir pour comprendre qu'elles peuvent nuire à autrui, si elles le veulent. L'une des filles va même jusqu'à suggérer de ne pas la monter contre elles. Elle ne voudrait pas connaître le même sort que Hamid. Elles doivent la surveiller et ne jamais lui faire confiance. Mayssa a envie de se lever et de leur dire de ne rien craindre d'elle mais elle se retient. Elles ne l'écouteraient pas. Elle se rend compte qu'elle n'a plus sa place parmi elles. Elle espère que le reste des étudiants sera moins dur et moins méfiant avec elle. Le lendemain matin, elle quitte la chambre, la première. Elle ne veut pas les voir. Dehors, il y a aussi d'autres étudiantes attendant le transport. Elle se tient en retrait. Elle est perdue dans ses pensées quand quelqu'un tente de lui voler son sac. Son premier réflexe est de s'accrocher à lui. Elle se tourne pour voir le visage de son agresseur et là, elle manque de crier de surprise et de joie. C'est Adel. Il a voulu lui faire une blague, au risque de recevoir un coup ou d'être traité de tous les noms. Après cette nuit blanche, voir ce visage sympathique lui fait le plus grand bien. La peur et la surprise passées, elle lui demande : - Qu'est-ce que tu fais ici ? - Je savais que tu étais revenue et il fallait que je te vois, dit Adel. J'ai des choses à te dire. Est-ce que je peux t'offrir un café ? - J'ai des cours à rattraper. Une autre fois, peut-être ? Mais Adel insiste. Il ne la laisse pas aller à ses cours. Il doit lui parler avant. (à suivre) A. K.