RESUME : Après le déjeuner, Mayssa prétexte avoir une migraine et se retire. Elle décide de ne pas retourner à Alger. Adel et Nadia repartent. Même si sa mère lui crie de retourner à ses cours, Mayssa n'a pas la force de sentir le regard des autres. Les commérages doivent aller bon train… Après trois semaines, à lui crier dessus, Rabiha perd son calme. Mayssa est encore au lit. - Tu te lèves tout de suite et tu pars d'ici ! Je ne veux plus te voir traîner dans la maison. Je n'en peux plus ! Je te mets à la porte. Joignant la parole à l'acte, elle tire un sac de sport d'un tiroir et ouvre la garde-robes pour prendre les habits de sa fille. Elle les jette dans le sac. Mayssa la regarde, l'air désespéré. Sa mère ne se laisse pas attendrir. - Tu prends tes affaires et tu rattrapes les cours que tu as ratés. Ne pense plus à ce qui se dit. Tu ne vas pas gâcher ta vie. Tant que je serais vivante. Après ma mort, fais ce que tu voudras. - Laisse-moi encore une semaine, la prie Mayssa. - Non, non et non ! crie sa mère. Tu pars dans l'heure qui suit. S'il le faut, je te traînerais par les cheveux jusqu'aux arrêts. Si tu ne veux pas que cela arrive, tu ferais mieux d'activer. Elle est si menaçante que Mayssa craint vraiment qu'elle ne passe à l'acte. Elle sort du lit et se prépare à partir. Rabiha lui donne de l'argent de poche. Elle la prévient aussi. - Mets-toi en tête que je n'accepte pas que tu échoues. Peut-être que l'idée t'a traversé l'esprit et que tu comptes rater l'année. Sache que tu as encore le temps de ne pas faire cette erreur. Gare à toi si tu ne m'écoutes pas ! - Excuse-moi maman. J'étais... je suis si peinée par ce qui m'arrive que j'ai oublié mon unique but dans la vie, dit Mayssa en larmes. J'étais prête à renoncer à mes études pour avoir la paix. Je te demande pardon maman. Je vais tenter de me ressaisir. - Oui, il le faut. Ton avenir dépend de ta force morale, insiste sa mère. Je ne te demande rien d'autre. Réussis tes études. Je ne voudrais pas que tu aies à souffrir dans la vie parce que tu n'auras pas su profiter de ta chance. Tu es intelligente et ta conscience n'a pas à être troublée. Tu aurais eu mauvaise conscience que j'aurais compris. Mais tu es clean, lui rappelle-t-elle. Cela devrait te suffire pour ignorer la méchanceté gratuite des autres. Même si elle appréhende son retour, elle n'a plus le choix. Le jour même, elle est de retour à Alger. Ses camarades de chambre sont surprises de la revoir. Elles ne comprennent pas la raison de son absence. - Etais-tu souffrante ? De quoi ? - Une migraine. J'ai vraiment souffert. Maman a dû s'occuper de moi, dit Mayssa. Maintenant que je vais mieux, je vais rattraper les cours. - Ta cousine est venue plusieurs fois. - Ah ! Que voulait-elle ? - Je l'ignore. Lydia attend qu'elles soient seules, dans leur coin, pour lui parler. - Il faut que je te prévienne. La rumeur circule toujours. Je dois t'apprendre que ta cousine en rajoute un peu à chacune de ses visites. - Comment ça ? - Elle est allée voir Hamid et ses parents, lui apprend son amie. D'après elle, ces derniers se sont rendus chez un marabout puis chez une derviche. Tous sont unanimes pour dire qu'il a été victime d'une sorcellerie. Quelqu'un lui a jeté un sort, pour tuer toute envie en lui. - C'est atroce ce qui lui est arrivé, soupire Mayssa. Ont-ils pu le soigner ? - Oui mais même si ces jours ne sont plus en danger, il n'est plus le même. Il a repris les cours. Il fait de la peine à voir, ajoute Lydia. C'est un fantôme vivant. - Il vit toujours à la cité ? l'interroge Mayssa. Je voudrais le voir. Lydia pince les lèvres, tout en secouant la tête. - Hélas, lui n'a aucune envie de te revoir, lui confie-t-elle. Si tu t'aventures à aller le voir, ne sois pas surprise par son accueil. Un conseil, évite de te retrouver face à lui ! - Mais je n'y suis pour rien ! s'écrie Mayssa. Comment peut-il croire que je suis à l'origine de son mal ? - Après ce qui lui est arrivé, tu es la dernière personne à qui il fera confiance, dit Lydia. Mayssa veut bien la croire. Mais elle tient à lui parler. Elle ira le voir et s'il refuse de l'écouter, elle aura au moins essayé. (à suivre) A. K.