Un véritable bras de fer oppose le gouvernement koweïtien au cheikh Saâd al Abdallah al Sabah, désigné pour succéder à l'émir Jaber al Ahmad al Sabah. Réuni samedi en séance extraordinaire, le gouvernement a décidé d'engager les procédures constitutionnelles pour destituer cheikh Saad, qui a succédé le 15 janvier au cheikh Jaber al Ahmad al Sabah, en raison de son état de santé, conformément à une loi sur la succession datant de 1964. L'initiative du cabinet koweïtien de convoquer le Parlement pour destituer le nouvel émir est contrée par ce dernier qui appelle lui aussi à une réunion de l'instance parlementaire afin qu'il soit investi officiellement dans ses fonctions. La bataille risque d'être longue en raison de l'influence dont jouit son rival, le Premier ministre, cheikh al Sabah al Ahmed al Sabah au sein de la famille au pouvoir, ainsi qu'au gouvernement et au Parlement. Ce dernier bénéficie également de la sympathie des journaux privés koweïtiens qui lui apportent un franc appui. Pour rappel, cheikh Sabah, 76 ans, est un habile homme politique qui a été ministre des Affaires étrangères pendant quatre décennies avant de devenir Premier ministre en 2003. De son côté, le cheikh Saad tente de faire pression sur le Parlement dans l'espoir d'hâter son investiture. Pour voter une destitution de l'émir, le Parlement doit se prononcer à la majorité des deux tiers de ses 65 membres, incluant les 16 membres du gouvernement qui disposent d'un droit de vote à la Chambre. Un communiqué du gouvernement appelle clairement à la destitution du cheikh Saad : “Tout en déplorant vivement l'évolution de l'état de son Altesse l'émir, cheikh Saad al Abdallah al Sabah, que Dieu le préserve, il a été décidé d'engager les mesures constitutionnelles prévues par l'article 3 de la loi 4 de 1964.” En vertu de cette loi, si l'état de santé de l'émir l'empêche d'exercer ses fonctions, le Premier ministre doit, après s'en être assuré, saisir immédiatement le Parlement en vue de le relever de ses fonctions, ouvrant ainsi la voie à la désignation d'un nouvel émir. Des sources proches de l'assemblée koweïtienne indiquent que le président Jassem al Khorafi de cette instance attend la demande du gouvernement pour fixer la date du déroulement de la réunion extraordinaire. Le problème qui se pose pour les partisans du cheikh Sabah al Ahmed al Sabah est que ce dernier ne bénéficie pas du rang de prince héritier, ce qui compliquera un éventuel transfert en sa faveur. Ceci étant, l'issue de cette grave crise politique dépend des suites que donneront les parlementaires koweïtiens à la requête du gouvernement qui a engagé les procédures constitutionnelles en vue de destituer l'émir, cheikh Saad al Abdallah al Sabah, en raison de la détérioration de son état de santé. Il y a lieu de signaler que la majorité écrasante des membres de la famille régnante des Al-Sabah ont, cependant, apporté leur soutien au Premier ministre et homme fort de l'Emirat, cheikh Sabah al Ahmad al Sabah, auquel ils ont rendu visite vendredi, et lui ont demandé de devenir émir. K. ABDELKAMEL