À l'évidence, il y a de bonnes raisons de s'inquiéter des conséquences que pourrait induire une éventuelle confirmation de la propagation de la grippe aviaire dans notre pays. Dans cette psychose qui semble s'emparer de la population oranaise après le décès d'un éleveur de volailles des suites de fortes fièvres liées à la grippe, le gouvernement est interpellé pour apporter dans les plus brefs délais des réponses à même d'apaiser les esprits. Grippe aviaire ou grippe ordinaire, une stratégie de riposte s'impose. D'ores et déjà, le ministre de la Santé a annoncé, hier, à partir de Constantine la tenue aujourd'hui d'un conseil interministériel consacré à la prévention de cette maladie dangereuse. Amar Tou a cependant rassuré en affirmant que les stocks en Tamiflu, commandés par le pays, s'inscrivent beaucoup plus dans une optique de précaution. Il n'en reste pas moins qu'une équipe d'experts s'est déplacée à Oran pour procéder au dépistage du virus ayant causé la mort de l'éleveur et que les résultats épidémiologiques seront rendus publics dans une semaine. D'ici là, l'opinion publique locale et nationale retient son souffle. En attendant, un effort devrait être fourni en matière de communication par les officiels pour que la rumeur et la désinformation ne prennent pas le dessus. En tout cas, le conseil interministériel d'aujourd'hui devrait fournir un peu plus d'indications sur la politique de l'Exécutif. À l'évidence, il y a de bonnes raisons de s'inquiéter des conséquences que pourrait induire une éventuelle confirmation de la propagation de la grippe aviaire dans notre pays. Mais ce serait aussi aller vite en besogne que de mettre sur le dos des autorités la responsabilité d'une telle catastrophe si elle venait à se produire étant donné que le pays n'est pas suffisamment doté de moyens efficaces à même d'y faire face. Hier, les Nations unies ont lancé un appel pressant à tous les pays afin qu'ils se tiennent “prêts à lutter contre une épidémie de grippe comme si elle devait débuter demain”. Si jusqu'à l'heure, 149 personnes ont été contaminées à travers le monde et 80 d'entre elles en sont mortes, l'organisation de Kofi Annan redoute une mutation du virus qui le rendrait transmissible de l'homme à l'homme. On n'en est pas encore là, fort heureusement. En Europe, d'importantes mesures ont été prises. L'embargo sur les importations commerciales d'oiseaux sauvages vivants vient d'être prolongé jusqu'à mai. En Algérie, il faut espérer que l'Etat mette le paquet pour éviter qu'une telle maladie ne se propage si jamais le cas d'Oran s'avérait positif. S. T.