L'arnaque est devenue un vice à la mode, pourvu que de petites gens naïves continuent à exister. Mme S. Z. en connaît quelque chose. Dans un état psychologique fragilisé, elle n'arrive plus à retrouver le sommeil. Elle nous a rendu visite dans l'ultime espoir de faire entendre son problème à la justice de son pays, même si elle reconnaît avoir été victime de sa crédulité qui lui fait payer aujourd'hui à prix fort son erreur. Son histoire commence en mars 1996, quand elle rencontre une certaine A. A. qui lui fait une offre fort intéressante : la vente de son logement pour 165 millions de centimes. Une somme qu'elle s'empresse de réunir et de payer rubis sur l'ongle pour ne pas rater l'occasion d'être plus à l'aise avec sa famille dans un logement spacieux. Des semaines et des mois passent dans le silence. De la nouvelle demeure point de nouvelles. L'infortunée part s'enquérir de la situation non sans inquiétude. Elle finit par découvrir le pot aux roses. Une douche écossaise. La belle affaire a non seulement foiré mais, en plus, l'argent qu'elle a remis à la propriétaire ne sera pas récupéré. Elle se rend à l'évidence qu'elle a traité avec une arnaqueuse. Et pour preuve, elle apprend à ses dépens que le même logement a été vendu à une autre personne pour la même somme. Evidemment, l'affaire est portée de suite devant le tribunal d'El Harrach qui place la mise en cause sous mandat de dépôt pour escroquerie et abus de confiance, avant de la transférer au tribunal de Sidi M'hamed qui ordonne 6 mois de prison ferme. La partie civile demande le remboursement de la somme de 165 millions de centimes et 50 000 DA à la victime. Le pourvoi en cassation confirme le premier jugement rendu. A. A. purge la moitié de la peine et sort de prison sur ordre du juge. Elle promet de rembourser la dite somme à la victime qui, à son tour, s'était endettée en vendant le logement qu'elle occupait à une personne qui ne cessait de la harceler pour prendre possession de ce qui était devenu son bien. “J'ai dû vendre tous mes bijoux et tout ce que j'avais comme biens pour honorer mes dettes”, dira-t-elle. Cette dernière découvrira par la suite que le logement en question est une propriété de la Cnma (Caisse de la mutualité agricole). “Entre-temps, la mise en cause a acheté une villa à Dergana qu'elle a mise au nom de ses enfants pour éviter une éventuelle saisie de ses biens par la justice. Même la contrainte par corps n'a pas été exécutée par le tribunal en raison de l'âge avancé de cette arnaqueuse”, confie la plaignante d'un ton dépité. Après plusieurs recours auprès des tribunaux compétents, elle adresse un dernier appel au président de la République, premier magistrat du pays, pour user de son autorité auprès de qui de droit afin que justice soit rendue. A. F.