Deux défaites en deux matches, une élimination express, un psycho-drame Emmanuel Adebayor, des tensions étalées au grand jour : le Togo, futur adversaire de la France à la Coupe du monde, ne pouvait pas faire pire lors de la Coupe d'Afrique des Nations de football en Egypte. Le seul point positif à retirer pour les Eperviers de leur séjour égyptien ? Ils peuvent toujours tourner la tête pour jeter un œil et s'apercevoir qu'ils ne sont pas seuls à mal vivre leur nouveau statut. Deux autres mondialistes, le Ghana et l'Angola, s'ils n'ont pas encore subi le même sort, ne semblent pas très loin de prendre le même chemin. L'Angola, 3e du groupe B avec un seul point, ne maîtrise plus son destin et le “choc” avec les Eperviers lors de la dernière journée prédit en début de compétition, ne s'apparente plus qu'à un match pour l'honneur. Le sélectionneur de l'équipe de France, Raymond Domenech, qui doit venir superviser le Togo lors de cette rencontre, aurait certainement préféré le voir évoluer dans un autre contexte pour se faire une idée plus précise. Quant au Ghana, battu par le Nigeria dans le groupe D (0-1), sa prestation fut extrêmement décevante, ne présageant rien de bon pour la suite. “Perdre des matches peut permettre de construire le caractère d'une équipe et je suis sûr que ce sera le cas avec cette équipe-là”, a tenté de positiver le sélectionneur nigérian Stephen Keshi, après la défaite des Eperviers face au Cameroun (2-0). Peut-être, mais en attendant, arrivés épinglés de leur badge de néo-mondialiste et du meilleur buteur des éliminatoires (11 buts) Adebayor, les Eperviers se préparent à quitter la compétition avec un bon mal de tête. Dans un groupe B où figurait le Cameroun, le destin du Togo s'est quasiment imprimé dès samedi après leur défaite face à la RD Congo (2-0). En une rencontre, la belle histoire s'est fissurée si vite, que l'équilibre devait en fait receler des vices de fabrication cachés. Et cette soirée risque de laisser des traces. Stephen Keshi, désormais sur la sellette, va sûrement regretter d'avoir négligé son approche de son attaquant vedette. Selon lui, il a suffi d'“une heure” d'hésitation, entre le moment où le Nigérian a annoncé à Adebayor qu'il ne jouait pas, pour finalement se raviser, pour déclencher un tourbillon dont le Togo ne s'est pas encore remis. L'attaquant d'Arsenal (1re div. anglaise), après avoir annoncé samedi que la CAN était “finie” pour lui, et accusé son entraîneur d'avoir voulu être son “agent”, a failli en découdre physiquement avec Keshi. Son retour et la feinte réconciliation qui suivit n'ont pas suffi à balayer le traumatisme. “Adebayor n'est pas le Togo”, a sèchement répondu le Nigérian, interrogé sur l'influence de l'affaire sur le parcours désastreux de l'équipe. Le sélectionneur, comme chaque entraîneur des pays africains qui s'apprêtent d'ici cinq mois à se rendre en Allemagne, savait qu'il jouait gros. En plus de tester la légitimité de son équipe, cette CAN, en cas de déroute, et cela y ressemble, pouvait lui coûter sa place. “Est-ce que je vais démissionner ? C'est une question qui concerne la fédération, pas moi”, a-t-il expliqué. “Pour moi, il doit rester”, assurait “Mama Togo”, la présidente des supporteurs des Eperviers, l'une des figures les plus connues du football togolais, venue à leur hôtel essayer de réconforter “ses enfants”. “Je suis déçue, mais maintenant, il va falloir repartir de zéro pour le Mondial”, a-t-elle ajouté. Les Togolais n'ont, de toute façon, pas d'autre option.