La kermesse du film européen en Algérie, du 18 au 27 janvier, qui a donné l'occasion aux amateurs du septième art algérois, dans la mesure où les projections se sont déroulées exclusivement à la salle Ibn Zeydoun, de découvrir les plus récentes productions européennes et les plus primées. La salle, qui n'a pas désempli les dix derniers jours, a affiché archicomble. En plus des représentants du corps diplomatique agréés à Alger, les amoureux du cinéma étaient au rendez-vous pour la dernière projection du festival. Il faut dire que le festival a permis à la salle de vivre un moment cinématographique intense avant de retomber dans la routine, la distribution des films étant ce qu'elle est dans notre pays. C'est par un film fédérateur au sens propre du mot que la délégation de la commission européenne a choisi de clôturer sa première action cinématographie en Algérie. Joyeux Noël de Christian Carion n'a rien à voir avec les chaleureux et heureux moments qui riment avec la fête de la Nativité. C'est dans des tranchées lointains et isolés que la fête de Noël a été célébrée et qu'elle a été prétexte à une trêve, longtemps cachée, entre des va-t-en-guerre qui ont compris l'absurdité de la guerre. Joyeux Noël, le film sélectionné aux Oscars 2006, n'a de fiction que cette vérité surréaliste qui s'est produite un certain Noël de l'année 1914. Décembre 1914, sur les frontières franco-allemandes, la grande guerre bat son plein. Des soldats français et écossais affrontent les troupes allemandes. Bombardements, fusillades, morts et blessés, le tableau est affligeant. Dans un no man's land, des soldats repliés dans leurs tranchées s'adonnent de temps à autre au jeu de la guerre. Des hommes, dont un pasteur et deux adolescents écossais, assez grands pour faire la guerre, qui quittent leur village où il ne se passe jamais rien. Un ténor d'opéra allemand, qui abandonne son costume de scène pour la tenue militaire, un mari qui quitte la maisonnée et une femme enceinte pour aller défendre Paris. Seulement, tous ces hommes sont rattrapés par cette fête commune à tous, qu'est Noël. Aux rythmes des cornemuses écossaises, les soldats se rendent compte de l'absurdité de la guerre qu'ils mènent. Les commandants des trois régiments oublient la guerre l'espace d'une soirée et décident d'une trêve. Une soprano vient apporter un peu de douceur féminine à la fête, rappelant à tous les maisons et les êtres chers abandonnés. Le film dont la trame est inspirée de faits réels raconte une fraternisation émouvante. Une amitié qui voit le jour, que ceux qui décident la guerre ne sont pas ceux qui la font. Et que pour ces derniers, les causes sont souvent inconnues. Joyeux Noël est un beau psaume à la paix. Le film, qui regroupe une pléiade d'acteurs européens, Diane Kruger, Guillaume Canet, Dany Boon, Bernard Le Coq, Benno Furgman, Gary Lewis, Alex Fers… est une belle fresque pour dire l'absurdité de la guerre et glorifier la fraternité européenne. Une fraternité fêtée 90 ans plus tard à Alger par le cinéma. W. L.