Un climat d'émeute, qui a failli tourner au drame, a été évité de justesse, hier, dans la paisible cité des Lauriers-Roses à Haï Badr où plusieurs riverains sont sortis de leur domicile pour protester contre leurs conditions de vie en nette régression. Une journée mouvementée a été vécue par des centaines d'habitants qui ont investi, dès 11 heures du matin, le site d'une entreprise privée chargée des travaux d'assainissement à l'origine de nombreux accidents de véhicules. Des trous béants, laissés sur la chaussée depuis 2004 par l'entreprise, provoquaient quotidiennement des accidents de toute nature. Samedi, trois travailleurs, qui effectuaient des travaux de routine, ont échappé à une mort certaine. Ils sont accidentellement tombés dans une fosse boueuse non recouverte. Secourus in extremis par les riverains, ils s'en sortiront avec une peur bleue et des égratignures. C'est ce qui a poussé les habitants à bloquer les principales routes d'accès menant vers ce quartier populaire situé au sud de la ville. Immédiatement après, d'autres citoyens en colère se sont joints au mouvement de protestation en brûlant des pneus au milieu de la principale rue Mekki-Khelifa. “Pas plus tard qu'hier, nous avons prêté main forte à trois citoyens dont les voitures sont tombées dans les fosses non recouvertes”, a déploré un citoyen. Les enfants et les personnes âgées sont perpétuellement confrontés à toutes sortes d'accidents, causés par des crevasses dangereuses, invisibles la nuit. Plusieurs enfants sont tombés dans ces pièges et se sont blessés. Aux environs de midi, les éléments de la protection civile ont réussi à éteindre le feu qui, émanant des pneus calcinés, se propageait. La tension est tombée après que les manifestants eurent reçu des assurances quant à la reprise des travaux pour la finition des travaux inachevés depuis deux ans. L'intervention de la police a permis de disperser dans le calme la foule des manifestants. Ce n'est pas la première fois que la ville d'Oran est secouée par des émeutes de ce genre. Durant l'été 2005, une émeute de grande envergure a éclaté à la cité Grande-Terre après le décès d'un homme fauché par une voiture. Les autorités locales ont alors procédé à l'aménagement de ralentisseurs pour calmer la colère des citoyens, rappelle-t-on. B. Ghrissi