la réouverture, par un particulier, de la carrière d'agrégats de Kebouda a provoqué la colère et l'indignation de la population locale. Depuis près d'une semaine, la contestation gagne du terrain. Mobilisés pour que le projet soit abandonné séance tenante, malgré l'autorisation officielle dont a bénéficié l'exploitant, les habitants de cette localité, plus d'une centaine, sont sortis hier encore pour manifester leur désapprobation en barrant la route menant vers la commune de Ben-M'hidi (El-Tarf). Ils disent éprouver un sentiment de crainte et d'appréhension à l'égard de cette activité, qui nécessite l'utilisation d'explosifs, ceci d'autant plus que le chantier est situé à quelques mètres seulement de leurs maisons. Les manifestants ne cessent de se remémorer, semble-t-il, la période cauchemardesque qu'ils ont vécue, l'été dernier, suite au décès dans des conditions atroces d'une jeune fille, victime de l'une de ces explosions alors qu'elle se trouvait chez elle : un bloc de roche catapulté par le souffle des explosifs utilisés par le chantier de l'entreprise nippone Cojaal en charge d'un tronçon de route dans le cadre du projet de l'autoroute Est-Ouest. Un accident mortel qui, rappelons-le, avait provoqué une importante manifestation des habitants de Kebouda. Un mouvement de colère et de protestation durant lequel le chantier et la base vie des Japonais avaient été saccagés et les travailleurs de Cojaal malmenés. “Nous ne voulons pas revivre le même cauchemar que celui de l'été dernier. L'utilisation d'explosifs près de nos maisons est certainement très risquée et l'accident mortel qui avait causé le décès d'une jeune fille de notre cité en est la preuve”, s'écrie Mahmoud, un jeune du quartier que nous avons rencontré non loin de la carrière. Après la décision de mise en exploitation de cette carrière contre vents et marées, les riverains menacent de recourir à d'autres moyens moins pacifiques, préviennent-ils, pour faire entendre leur voix. En attendant, ils disent vivre le calvaire après cette nouvelle mise en exploitation de la carrière. Pour eux, les nuisances générées par l'incessant va-et-vient des camions de fort tonnage, à toutes les heures de la journée, ne sont rien à côté de la peur de voir un des leurs déchiqueté par ces explosifs. “Nous n'avons plus la moindre tranquillité. La réouverture de cette carrière nous a profondément perturbés et la situation est devenue si insupportable que même les plus sages et les plus paisibles d'entre nous sont devenus agressifs. Cela ne peut plus durer comme ça, sinon plus personne ne pourra empêcher une manifestation de colère des habitants de la localité”, s'indigne cet autre résidant de Kebouda.