Au village Oulmouthen, dans la commune de Yakouren (daïra d'Azazga), un massif relief de sol de quelque 600 m de long et 300 de large, s'est détaché de son site naturel et meut progressivement vers le bas de la déclivité, à la moindre averse de pluie. Le bilan provisoire de cet éboulement s'élève déjà à trois maisons et plusieurs cabines et abris d'animaux domestiques détruits, ainsi que des puits ensevelis… “J'ai perdu deux puits, une cabane d'animaux, la moitié de ma maison, et le pire est encore à craindre dans les jours à venir”, dira un paysan octogénaire de la région. Dans certains endroits, la couche de sol qui s'est affaissée atteint jusqu'à 1,50 m d'épaisseur et de profondeur, endommageant sérieusement les réseaux d'assainissement, déjà précaires. Ce qui intrigue les paysans pour le moment, ce n'est pas les éboulements successifs de terrains en eux-mêmes, mais c'est surtout le phénomène survenu juste après la catastrophe : l'eau qui a remonté à la surface, “brûle” toute végétation se trouvant sur la voie de son écoulement, incitant les riverains à des interprétations surnaturelles ou mystiques. Ce qui préoccupe le plus les familles en ce moment, c'est de voir, impuissantes, leurs maisons s'enfoncer dans le sol, alors qu'elles ne sont pas relogées en d'autres endroits plus sûrs. La plupart de celles touchées par cette calamité ont bénéficié, faut-il le rappeler, de l'aide de l'Etat à l'autoconstruction, un programme qui tarde à voir le jour, car prisonnier d'innombrables contraintes administratives. D'ailleurs, un travail énorme est en train de se faire par les responsables locaux pour débloquer la situation. Pour rappel, l'année dernière, en pleine période hivernale, dans plusieurs villages et hameaux de Yakouren, notamment ceux situés en bordure de la RN12, qui traverse le chef-lieu communal, des glissements de terrain se sont produits et continuent de s'étendre en surface et en profondeur, causant des dégâts considérables aux habitations et aux terres agricoles. Les conséquences de ce genre de phénomènes sont, outre la situation de cette localité, caractérisées par une surface naturellement abrupte et accidentée, mais surtout la déforestation aveugle par la main de l'homme et sa tronçonneuse, favorisés aussi par l'absence de réseaux de drainages des eaux pluviales conjuguées à l'état du sol, suffisamment entamé par les pluies diluviennes de l'année dernière. HACÈNE Aouidad