Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, semble plus que jamais décidé à étancher la soif des Tlemcéniens en butte à une pénurie d'eau vieille de plusieurs années. En visite d'inspection lundi dans cette wilaya de l'extrême ouest du pays, Sellal s'est enquéri de l'état des barrages et de l'avancement des travaux des différents chantiers lancés pour venir à bout de cette crise. Cette année encore, les barrages de la wilaya ont enregistré de faibles taux de remplissage. D'une capacité de 27 millions de m3/an, le barrage de Sekkak affiche un taux de remplissage de 28,14%. Celui du barrage de Merfouche, qui alimente la ville de Tlemcen, est à peine de 3%, alors que sa capacité est de 15 millions de m3. Aussi ce barrage est la première infrastructure à être visitée par le ministre qui s'est renseigné auprès des responsables du barrage sur la possibilité de percer d'autres forages sur l'assiette même du barrage. Etant impossible de creuser d'autres forages dans le bassin même du barrage, Sellal a donné son feu vert au programme d'urgence de forages de 3 000 mètres linéaires. Instruction est aussi donnée aux responsables locaux du secteur de lancer les appels d'offres au plus vite. Après un crochet au forage de Mansourah et celui de Chetouane, destinés au renforcement de l'AEP du groupement urbain de Tlemcen, M. Sellal s'est rendu à Aïn Youssef où est implanté le barrage de Sekkak à partir duquel sera renforcée l'alimentation en eau potable de la ville de Tlemcen. Se plaignant de quelques problèmes, le ministre s'est engagé auprès des responsables locaux du secteur de prendre en charge le problème avec la Sonelgaz. Un engagement assorti d'une ferme instruction : “Tlemcen doit être alimentée en eau potable à partir de ce barrage d'ici au mois de juin.” Cap ensuite sur Maghnia où le ministre a eu à visiter nombre de projets dont celui du transfert des eaux du barrage de Hammam Boughrara vers la ville de Maghnia. Globalement, la situation s'est nettement améliorée à Tlemcen. “Avec le programme d'urgence, quelque 30 quartiers qui, par le passé, n'ont de l'eau qu'une fois par semaine, en sont maintenant desservis une fois 24h”, a-t-il indiqué. Mais l'espoir du ministre de résorber cette crise semble se reposer sur la concrétisation du grand et ambitieux projet de l'exploitation des eaux du chott El-Gharbi. Une étude a été d'ailleurs présentée dimanche dernier à Mekmen Ben Amar (Naâma) par le directeur général de l'Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH), en présence de Sellal, des walis et du P/APW des wilayas de Naâma et de Tlemcen. Il ressort de cette étude préliminaire que les réserves du chott El-Gharbi sont de 40 millions de m3/an et non de 9 millions de m3/an, tel qu'il est présenté par une autre étude datant de 1996. Avec la concrétisation de ce projet, dont les travaux démarreront l'année prochaine, seront desservies 9 localités de la wilaya de Tlemcen et 3 de la wilaya de Naâma et peut-être même le sud de la wilaya de Sidi Bel-Abbès. À l'horizon 2030, quelque 400 000 habitants, la ville de Tlemcen incluse, seront alimentés en eau potable à partir de ce chott. Un petit problème : la salinité de l'eau du chott est toutefois d'à peine 1,4 degré. “C'est une solution qui arrive à point nommé pour mettre fin à une véritable et grave pénurie à laquelle fait face Tlemcen”, a affirmé le wali de Tlemcen. Pour sa part, M. Sellal a insisté sur la nécessité de finaliser au plus vite l'étude pour présenter le cahier des charges d'ici la fin de l'année et pour procéder sans plus tarder au lancement des travaux. Pourquoi tant d'empressement de la part de Sellal ? C'est que les Marocains, eux, exploitent déjà la partie du chott qui se trouve sur leur territoire et pomperaient même de l'eau de la partie se trouvant en Algérie. Pour ce qui est de la gestion du chott, elle sera confiée à l'ANRH de Saïda qui aura aussi sous sa coupe le chott Echergui en attendant la création d'une autorité de régulation des chotts. À Saïda, visitée dimanche, Sellal a décidé la création d'une antenne de l'ANRH pour s'occuper de la gestion et de la surveillance du chott Echergui. Le seul problème auquel cette wilaya est confrontée puisqu'en matière de mobilisation d'eau elle n'a pas de difficultés. Alimentée actuellement 18 heures sur 24 en eau potable, elle le sera 24h/24 dans quelques mois. A. C.