“Renoncer au Sahara serait pour l'ONU renoncer à sa propre essence”, malgré le blocage du processus de règlement du conflit, en raison de l'intransigeance marocaine, a souligné, El Pais, dans un article de Tomás Bárbulo, l'écrivain spécialisé dans la question sahraouie et l'envoyé spécial du journal madrilène à El Ayoun, la capitale occupée du Sahara Occidental. El Pais considère qu'il “ne semble pas probable” que l'ONU abandonne le Sahara Occidental tant que le second paragraphe du premier article de sa Charte fondatrice préconise de “développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes”. “Incapable” de mettre en application les principaux objectifs pour lesquels elle a été instituée, à savoir l'organisation d'un référendum d'autodétermination juste et transparent pour le peuple sahraoui, la Mission des nations unies pour un référendum au Sahara Occidental, Minurso, joue, aujourd'hui, un rôle qui n'est que “l'ombre pâle” de celui pour lequel elle a été créée en 1991, a ajouté M. Bárbulo. “L'ONU avait débarqué au Sahara Occidental dans l'intention d'organiser un référendum d'autodétermination dans un délai de huit mois. Quinze ans après, il est douteux qu'elle prétende encore organiser la consultation”, a estimé le journaliste, et cela, a-t-il rappelé, en dépit du fait que son mandat ait été prorogé 31 fois et que les dépenses de son fonctionnement s'élèvent à 600 millions d'euros. Revenant sur les objectifs qui ont présidé à la mise sur pied de la Minurso, l'auteur de l'article a rappelé qu'il s'agissait de mettre en œuvre le Plan de règlement en 7 points, comme signé par le Maroc et le Front Polisario. Outre le maintien du cessez-le-feu, a encore rappelé l'envoyé spécial d'El Pais, le plan prévoit la libération des prisonniers de guerre, la réduction des troupes, le retour des réfugiés, l'identification et l'inscription des votants, la campagne pour le référendum et, finalement, l'organisation d'un référendum d'autodétermination libre et régulier pour le peuple du Sahara Occidental. Concernant la libération des prisonniers de guerre, El Pais note que le Front Polisario qui a libéré, en août dernier, les derniers prisonniers de guerre marocains continue à réclamer la réciproque pour les Sahraouis disparus dans les prisons marocaines. L'écrivain a signalé que, sur le terrain, le Maroc veut une Minurso “faible” mais ne souhaite pas son départ car, a-t-il précisé, en l'état actuel des choses, elle “protège l'exploitation”, illégale selon le droit international, des ressources naturelles du Sahara Occidental, dans le même temps qu'elle maintient “éloignés” les réfugiés sahraouis, alors, qu'en revanche, a-t-il ajouté, le Front Polisario est favorable au renforcement de la mission pour qu'elle puisse régler le conflit conformément aux résolutions onusiennes pertinentes. Abordant la présence de la Minurso dans les territoires occupés, le journaliste a relevé que le Maroc a installé deux antennes “gigantesques” à proximité du quartier général de la mission onusienne à El Ayoun occupée. “Personne ne sait à quoi elles servent, mais les dénonciations sur l'existence d'écoutes au siège de la mission sont monnaie courante”, a-t-il remarqué. Les environs du QG de la Minurso sont “fortement surveillés par des policiers marocains qui exigent l'identification des visiteurs et, en de nombreux cas, leur interdisent l'accès”, a-t-il poursuivi. Interrogé si les deux antennes qui surplombent le siège de la mission servent à des fins d'espionnage, le général Mosgaard n'a pas confirmé ce fait mais ne l'a pas démenti non plus. “On ne peut jamais savoir si le pays hôte réalise des écoutes. Nous ne le savons pas”, a-t-il déclaré. S. P.