RESUME : Rabiha décida d'appeler, Lotfi ne répondant pas, elle joignit Halima qui lui déclara que le mariage a été annulé. Dès qu'elle se sentit mieux, Rabiha se leva et demanda à tous les invités de prendre congé. Elle leur dit que la grand-mère maternelle de Lotfi venait de décéder et que le mariage était reporté. Un long silence s'installa après le départ des convives. Mayssa était assise sur son lit. Elle avait ôté le voile et dégrafé sa robe de mariée. L'émoi qui se lisait sur son visage était immense. Sa mère la rejoignit peu de temps après. Elle s'assit à ses côtés et lui dit : - Ma fille, je sais que tu vas me détester. Sache que tout ce que j'ai pu faire, c'était pour toi, pour ton bonheur. - Qu'as-tu pu faire, qui aurait pu tout gâcher ? demanda Mayssa en la fixant dans les yeux. - Ce qu'une mère ferait à son enfant pour qu'il soit heureux. Je voulais que tu te maries avec Lotfi, que vous ayez des enfants. Je voulais que ce soit lui, et personne d'autre. Je lui ai jeté un sort dès que j'en ai eu l'occasion. Je le voulais pour toi, confia Rabiha en essuyant une larme qui perlait à son œil gauche. - Quoi, tu l'as ensorcelé pour moi ? Mais tu es malade ou quoi ! Tu veux dire qu'il m'aimait parce qu'un sort était jeté et moi donc, qu'as-tu pu me faire? Suis-je ensorcelée ? L'interrogea-t-elle, les lèvres devenues blanches de nerfs. - Non, Mayssa ! Ne me juge pas de cette façon, répondit Rabiha dans un sanglot. Je voulais que tu te maries, que tu fondes un foyer. Je me fais vieille et tu m'es unique. Tu as toujours relégué ta vie privée au second plan. - Tu veux dire que je ne suis pas assez responsable pour savoir ce qui est bien pour moi ou pas ? l'interrompit-elle en se contenant difficilement. Peux-tu me dire ce qui t'a pris de jeter un sort à Lotfi ? Y en a-t-il d'autres sur ta liste ? Rabiha se tut un instant avant de lui avouer : - J'ai jeté un sort à Hamid aussi. Je voulais qu'il y ait plus entre vous qu'une simple amitié. - Quel sort lui as-tu réservé enfin ? s'exclama Mayssa, furieuse contre cette bonne femme assise en face d'elle, le visage impassible. - Celui de tuer toute envie en lui, parce qu'il ne voulait pas de toi. Puisqu'il n'y avait que de l'amitié entre vous. Mayssa, ne pouvant plus d'écouter les horreurs de sa mère, se leva d'un bond et lui tourna le dos avant de lui répliquer : - Sache que tu as tué l'envie en moi aujourd'hui d'avoir à supporter une mère aussi indigne que toi. Je ne veux plus te voir. Tu as fait fuir mon meilleur ami, tu m'as fait miroiter le bonheur avec Lotfi. Tu as tué mon père certainement. Je ne veux plus entendre parler de toi, encore moins te sentir. Mayssa se serait bien passé d'une mère qui, voulant à tout prix acheter son bonheur, n'avait fait que lui empoisonner l'existence. Pour oublier son chagrin et enfouir son passé, Mayssa partit très loin, avec dans son unique bagage, un poison en héritage. Elle ne cherche plus après sa mère. Cette histoire s'est passée il y a trois ans dans la région de Boumerdès. Peut-être que les personnages se reconnaîtront. A. K. (Fin)