Le Conseil des lycées d'Alger (CLA), le Cnapest, le Sete de Béjaïa (UGTA), l'Unpef et le Satef, qui forment la Coordination des travailleurs de l'éducation, ont maintenu hier leur mot d'ordre de grève générale, les 19, 20 et 21 février prochains. Lors du forum syndical d'Alger Républicain, les représentants des 5 syndicats ont passé en revue la condition des travailleurs du secteur et les résultats du débrayage de 2003, et celui du mois passé. “Les mécanismes règlementaires ont été entravés par le ministère, à savoir la négociation, la conciliation et la médiation”, a remarqué Ali Lemdani du Cnapest, avant d'ajouter : “Nous allons à la grève pour améliorer le pouvoir d'achat devenu insoutenable.” M. Lemdani a en plus révélé qu'à l'heure où il parlait à la presse, des syndicalistes sont convoqués à la police, dont certains devront également se présenter à 13h30 au tribunal d'Alger. De son côté, Malek Bekhouche du Sete de Béjaïa a annoncé que 500 cadres syndicaux se sont réunis le 13 février dernier, appelant les salariés à observer hier un débrayage et un rassemblement devant le palais de justice, en guise de solidarité avec les membres de la Coordination intersyndicale qui vont passer devant le tribunal d'Alger. Dans leur déclaration, les cadres syndicaux réitèrent “leur fidélité à l'UGTA” et appellent la Centrale syndicale à “démocratiser” l'organisation. Ils invitent les autres syndicats à rejoindre la grève des 19, 20 et 21 février. Pour Mohamed Boukhata, représentant du CLA, le ministère de tutelle a axé ses efforts sur la grève “au lieu de s'intéresser au contenu des revendications” de la coordination. “Nous sommes forcés d'emprunter le chemin de la grève, car il n'existe pas de canaux de dialogue”, a soutenu l'intervenant, déplorant que la tutelle se soit transformée en “juge (qui) viole la Constitution”. Mohamed Ider de l'Unpef, qui venait d'arriver du commissariat de police a affirmé tout de go : “J'ai compris une chose : le secteur de l'éducation est devenu une prison où on n'a aucun droit.” Le représentant du Satef a, quant à lui, noté que si la grève de 2003 a “fait apparaître de nouvelles forces syndicales”, celle de janvier 2006 constitue “un tournant décisif dans le mouvement syndical”. “La dernière grève a connu un grand répondant de la base”, a appuyé M. Sadali. Selon lui, la revendication salariale est “au cœur du problème”, car elle touche à “la répartition des richesses nationales”. Revenant à la grève des 19, 20 et 21 février, les membres de la coordination ont averti qu'un préavis de grève a été déposé samedi dernier par “un huissier de justice”. Ils ont appelé les travailleurs à participer “massivement” à ce débrayage, pour la satisfaction de leurs revendications. Tous ont tenu à préciser que “la négociation doit se faire avec une délégation mandatée par la coordination”. Présent au forum, Me Hocine Zahouane, président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH), a apporté le soutien de son ONG à l'intersyndicale et aux libertés syndicales. Il a relevé que la police n'a pas le droit de convoquer des citoyens ou des cadres syndicaux “sans un mandat de justice”. Il s'est, en outre, interrogé sur les convocations par la justice en référé, alors qu'il n'y a “aucune urgence” pour les syndicalistes. “On ne peut pas utiliser les démarches dilatoires, pour bloquer l'issue des problèmes sociaux des enseignants et des autres travailleurs”, a-t-il signalé. Nous avons appris en fin de journée que le tribunal d'Alger a reporté l'affaire des syndicalistes de la coordination au 18 février, soit la veille du débrayage général. Hafida Ameyar