Tous les membres de l'Intersyndicale ainsi que la fédération UGTA sont ciblés par cette invite. Le département de Boubekeur Benbouzid prône la voie du dialogue sans exclusive en lançant, hier, un appel solennel à la concertation avec “les syndicats agréés et les représentants des travailleurs”. La dernière catégorie cible des formations comme le Cnapest (Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) et le Cla (Coordination des lycées d'Alger) qui n'ont pas de reconnaissance légale. Outre ces deux organisations ainsi que leurs partenaires de la coordination, en l'occurrence le Satef (Syndicat algérien des travailleurs de l'éducation et de la formation) et le Sete (Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation de Béjaïa-Ugta), l'invitation cible également l'Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation) qui vient de jeter l'éponge en quittant la coordination, le Cnapest bis initié par l'ex-coordinateur national, Meziane Meriane, ainsi que la Fnte (Fédération nationale des travailleurs de l'éducation) de l'Ugta. L'appel au dialogue diffusé hier dans l'après-midi par la tutelle ne spécifie aucunement l'identité des destinataires. Le communiqué précise bien qu'il s'agit de “rencontres qui seront programmées d'un commun accord”. La première doit avoir lieu demain à 10 heures, entre les collaborateurs du ministre et les membres du secrétariat national de l'Unpef. Selon son patron M. Ider, le département de l'éducation a déjà fait un pas en décidant de lever les sanctions et de retirer les plaintes contre les syndicalistes. La punition de l'Unpef allait être fatale car l'une des plaintes l'ayant visé porte sur une demande de retrait d'agrément pour son association avec des organisations illégales. “C'est ce qui explique son repli et son départ de l'intersyndicale”, commente Redouane Osmane, porte-parole du Cla. Pour sa part, il n'entend guère faire marche arrière. “Nous sommes déterminés à bloquer le 3e trimestre”, promet-il. Cette résolution prise le week-end dernier par l'intersyndicale prévoit une nouvelle action de protestation à la mi-avril, au retour des vacances de printemps. Les congés débuteront lundi prochain. C'est l'intermède choisi par le département de l'éducation pour décolérer ses travailleurs et leurs représentants. “Le communiqué est clair. C'est une initiative d'apaisement”, soutient le conseiller à la communication. L'objectif avancé vise à “protéger les intérêts des élèves”. N'étant pas en mesure, du moins maintenant, de répondre favorablement aux revendications des salariés, la tutelle entend contenir le clan des ultras. “Il faut enlever aux extrémistes de tout bord les prétextes de faire grève, où va-t-on avec ces histoires — de grève — pour des raisons qui ne relèvent pas uniquement du secteur de l'éducation ?” suggère-t-on au département de Benbouzid. Redouane Osmane semble bien avoir compris la combine. “S'il (le ministre) nous invite pour négocier notre reddition, il se trompe”, prévient-il. Affirmant n'avoir pas encore reçu d'invitation, le porte-parole du Cla n'écarte pas néanmoins l'idée d'y répondre favorablement. “À condition que le dialogue soit sincère”, exige-t-il. Sa crainte est de voir les rencontres de dialogue se transformer aux forums creux, à l'issue desquels aucune solution n'est trouvée aux problèmes du personnel. “Il ne faut pas que ce soit une manœuvre dilatoire visant à montrer que les pouvoirs publics sont ouverts et conciliants”, note le syndicaliste. Selon lui, deux raisons ont poussé le département de l'éducation à tendre la main aux syndicalistes. D'une part, il a peur que le dernier trimestre, couronné par des examens déterminants, soit compromis. D'autre part, Osmane évoque une pression internationale entretenue par des organisations comme la CGT française ou l'Internationale de l'éducation. Si telles sont les motivations de la tutelle, du côté syndical, les finalités sont claires. M. Lemdani, coordinateur du Cnapest chargé de l'information les détaille. Elles impliquent une revalorisation des salaires et de la retraite, le statut particulier et la préservation des droits syndicaux. Samia Lokmane