Hier, le temps était à la célébration de la création de l'UMA. Dix-sept années plus tard, on est encore au stade des balbutiements. Les organes de l'Union du Maghreb arabe se limitent à des activités épisodiques et occasionnelles. Le Conseil consultatif de cette instance régionale se complaît à diffuser des communiqués sans lendemain. À l'occasion de cet anniversaire, le secrétariat général de cette instance a émis le souhait que “les pays maghrébins célèbrent cet anniversaire dans une ambiance pleine d'espoir et d'ambition pour un avenir meilleur, dans le cadre du renforcement de l'action commune entre les pays membres en vue de concrétiser la complémentarité et l'intégration maghrébines tant souhaitées”. Un autre vœu pieux qui a beaucoup plus de chances de rester sans concrétisation, en raison des divergences profondes entre certains pays de l'UMA. On est encore au stade des appels au parachèvement des structures et des mécanismes afin de pouvoir mener des actions dans des conditions idéales. Les dirigeants maghrébins sont toujours appelés à surmonter les difficultés conjoncturelles afin de réaliser les objectifs assignés à l'UMA et les aspirations de ses peuples. Dans son message à ses homologues maghrébins à cette occasion, le président Abdelaziz Bouteflika a réitéré “le souci permanent de l'Algérie” d'œuvrer à la préservation de l'Union du Maghreb arabe en tant que “précieux acquis”. “Je tiens à vous réitérer le souci permanent de l'Algérie et sa ferme détermination à œuvrer de concert avec vous à préserver ce précieux acquis pour la réalisation des aspirations de nos peuples maghrébins à la complémentarité et à l'intégration”, a-t-il écrit au souverain marocain Mohammed VI. Ceci étant, chaque partie saisit l'occasion de cette célébration pour renouveler sa “détermination” à poursuivre la réforme politique, l'ancrage de la démocratie, la garantie des droits de l'Homme, la consolidation de l'Etat de droit, l'édification d'une société solidaire empreinte d'équité et le renforcement du rôle de la société civile. Nul n'a le courage de prendre le taureau par les cornes et de crever l'abcès. Tout un chacun est conscient que le conflit du Sahara occidental est la principale source de blocage de la réalisation de l'Union du Maghreb arabe, mais les efforts fournis pour régler cette épineuse question restent inégaux. Les intérêts des uns et des autres sont trop divergents pour parvenir à un compromis. L'Algérie refuse de sacrifier un de ses principes sacrés, à savoir le droit à l'autodétermination des peuples qui lui a permis d'arracher son indépendance ; pendant ce temps, le Maroc ne veut pas entendre parler d'autre chose que d'un “Sahara marocain”. Conséquence, l'UMA n'arrive toujours pas à convoquer son sommet. Il est peut-être temps de mettre un terme à ce grand leurre. Il n'est plus possible de continuer à s'accrocher à cette utopie de construire l'UMA tant que les divergences de base ne sont pas aplanies. Si la volonté d'avancer réellement dans ce projet très important pour l'avenir de l'ensemble maghrébin existe, on ne peut plus se permettre de perdre du temps. K. ABDELKAMEL