Résumé : La vieille femme questionne la bohème sur sa situation familiale et apprend que cette dernière est célibataire. La situation délicate de la jeune femme ne la laisse pas indifférente. La vieille femme porte les mains à son visage et la bohème sentit les larmes couler sur ses joues. - Ah ! ma fille, quel péché ! Et tu es si jeune. Elle lève les bras au ciel. - Tu connais le père au moins ? La bohème hoche la tête. Elle était tentée de tout lui raconter mais se ravise. - Pourquoi alors ne l'as-tu pas mis devant le fait accompli. Je crois comprendre, il ne voulait pas reconnaître la paternité. La bohème garde toujours la tête baissée. - Et tes parents, ils sont au courant ? Non ? Je vois, tu as dû fuir de chez toi depuis longtemps. Beaucoup de filles le font quand elles se retrouvent dans ton état. Elle lève encore les bras ai ciel. - Mon Dieu ! Mon Dieu ! Quelle génération, quel monde ! Puis revenant vers la jeune femme, elle lance : - Enfin, cela te servira peut-être de leçon. De nos jours, la confiance n'est plus de mise. Mais où vas-tu dans ton état ? Et que feras-tu le moment venu ? Tu n'en as plus pour longtemps à ce que je constate. - Je ne sais pas, je ne sais pas. balbutiait la malheureuse. - Lève-toi un peu. La vielle dame s'approche d'elle et lui palpe le ventre. - Tu accoucheras dans un mois, un mois et vingt jours à peu près. Peut-être même un peu plus tôt, disons dans six semaines. La jeune femme pousse un soupir. Que deviendra-t-elle jusque-là ? Et après, si elle survit à toutes les épreuves, que fera-t-elle avec un bébé sur les bras ? - Pauvre malheureuse, répète la vieille femme. Depuis quand es-tu en ville ? - Depuis ce matin… - Et comment comptes-tu t'en sortir ? - Je ne sais pas ? Je vais essayer de trouver du travail. - Du travail dans ton état ? Qui t'acceptera ? La bohème tourne sur elle-même puis prend appui sur le dossier d'une chaise. Son dos lui faisait maintenant très mal et les coups de pied continuaient sans arrêt. Elle pâlit. Ce que disait la vieille dame est vrai. Où ira-t-elle dans cette grande ville où elle ne connaît personne ? - Bien que tu me fasses beaucoup de peine, je ne peux rien faire de plus pour toi, lui lance sa bienfaitrice. Quand on commet de tels actes on doit toujours en assumer les conséquences. Mais maintenant que le mal est fait prends ton courage à deux mains et affronte la réalité. La bohème garde le silence tandis que la vieille dame fouinait encore dans le vieux placard. Elle en retire cette fois une longue veste en cachemire bleu marine et une longue écharpe turquoise. - Tiens, prends ces effets. Ils te tiendront chaud, tes vêtements sont trop usés. Garde la chemise de nuit et même la robe, tu en auras besoin après l'accouchement. - Merci, madame, lance la bohème en enfilant le manteau les larmes aux yeux. Y. H. (À suivre)