Un lycéen risque de ne jamais vivre le trac de l'examen du bac et peut-être l'immense joie de le décrocher en raison de l'entêtement d'un enseignant et du premier responsable de l'établissement, qui veulent à tout prix lui faire payer un écart de langage. Le lycée Ali-Bennour et frères de Tadmaït (Tizi Ouzou) est paralysé depuis le 14 de ce mois. Et pour cause, les élèves se sont solidarisés avec un camarade de la terminale, exclu pour “écart de langage” envers son professeur, selon l'élève et ses camarades de classe. Au départ, l'exclusion était limitée à 8 jours, précise-t-il. Mais voilà qu'au terme de la durée initiale de l'exclusion, le lycéen, croyant avoir purgé sa punition, regagne son établissement, d'où il se fera refoulé par le directeur de l'établissement avec l'explication que l'exclusion était définitive, dira le même élève devant ses parents et un groupe de ses camarades. Ayant “supplié” le responsable de l'établissement de “ne pas me sacrifier pour un simple glissement de langage avec mon prof”, le lycéen dit avoir, pour son “erreur de jeunesse”, demandé pardon “en tous modes”, audit responsable comme à son professeur, en passant même par la brigade locale de la Gendarmerie nationale. en vain, puisque le proviseur du lycée reste intransigeant, d'où la venue, samedi dernier, d'un groupe de lycéens et des parents accompagnant l'élève auprès de l'académie de Tizi Ouzou. Reçus sans difficultés par le directeur de l'éducation, précisent nos interlocuteurs, ce dernier leur a répondu que le problème “ne nécessitait pas de déplacement à l'académie. Il doit être réglé sur place”. Voulant avoir la version de la direction de l'établissement, nous nous sommes déplacés au lycée de Tadmaït, lundi dernier, où nous n'eûmes même pas la possibilité de voir le professeur concerné, tandis que le proviseur a carrément refusé de nous recevoir, exigeant une autorisation délivrée par l'académie. Aussi, l'on se demande ce qu'il adviendrait, à la veille des examens du bac, de cette classe de terminale en solidarité avec le jeune Ouardani, “brillant scientifique”, selon ses camarades, ainsi que des autres classes du lycée, également solidaires. Une large banderole est d'ailleurs accrochée au-dessus du portail de l'établissement, depuis une semaine, avec un écriteau en arabe “la lidolm attalamid” (non à la punition injuste des élèves). Comme si les multiples grèves et autres problèmes qui se développent au sein du secteur de l'éducation ne suffisent pas dans le “massacre” du niveau scolaire des élèves. Le lycéen a certes commis une faute mais le corriger en prenant en otage, voire détruire, son avenir est antipédagogique. Car, cet entêtement s'apparente beaucoup plus à une vengeance et un simple règlement de compte d'un lycéen. S. Yermèche