«Les enseignants se contentent des masses de polycopies qu'ils nous remettent chaque semaine, sans pouvoir en expliquer le contenu», déplorent les lycéens rencontrés. «On a le couteau sous la gorge.» Unanimes, des centaines de lycéens qui s'apprêtent à passer leur examen du baccalauréat crient leur désarroi. Ils craignent que leur réussite ne soit renvoyée...aux calendes gracques. En effet, les cours de soutien, entamés en fin janvier, n'ont pas abouti aux résultats escomptés. Censés pallier la surcharge d'un programme scolaire chargé et au-dessus des capacités des élèves, ces cours intensifs se sont «avérés insignifiants», aux yeux des dizaines de potaches interrogés. L'apport tant attendu n'a pas eu lieu. «C'est une perte de temps et d'argent...», a déclaré à L'Expression, Walid scolarisé au lycée Delacroix à Alger. Sa maman enfonce le clou. Elle «rejette» la proposition du ministre de l'Education. Ce dernier a demandé à ce que les parents d'élèves participent au paiement des cours dont a bénéficié leur progéniture. «N'a-t-on pas le droit à des cours gratuits pendant cette période?», s'est interrogé le lycéen. Le mécontentement est patent. Partagé. Livrés à eux- mêmes, ces lycéens font face à une redoutable course contre la montre. Désespérés, ils veulent que les aiguilles de la montre s'arrêtent de tourner. Que le Bac ne soit pas pour demain. Et que les sujets soient à leur portée. Est-ce là un forcing pour le département de l'Education? «On veut juste que la commission chargée de l'élaboration des sujets prenne en considération les conditions dans lesquelles se déroule la préparation à cette échéance fatidique», a clamé un groupe de filles rencontrées au lycée Hassiba Ben Bouali. Ce ne sont pas des cancres qui parlent. Il s'agit de lycéennes brillantes. Elles nous montrent leurs bulletins. Que des satisfactions! Des moyennes élevées. Toutes croient en leur réussite, mais elles demeurent très attentives. Elles ne veulent pas que leur avenir soit compromis. A l'image de Amal, en troisième année à l'établissement secondaire El Idrissi, une partie importante des lycéens préfèrent suivre leurs révisions chez eux. Loin de cette pression quotidienne. Ils forment des groupes et «réunissent» leur savoir-faire pour résoudre leurs exercices. Une grande amélioration est ressentie. Louée par les responsables de son établissement comme un exemple à suivre, Ibtissem en veut aux enseignants. Ceux qui la glorifient. «Dépassés par le programme, les enseignants se contentent des masses de polycopies qu'il nous remettent chaque semaine, sans pouvoir en expliquer le contenu», a entonné la native de Bab El Oued. Elle explique les raisons de cette bouderie. D'un optimisme démesuré, elle brave les entraves multiples rencontrées jusque-là. Interrogée sur ses chances de rejoindre l'université, elle nous répond avec un sourire qui invite au dialogue. «Je serai parmi les lauréats heureux. Mon objectif consiste en une réussite fabuleuse. Je veux décrocher mon Bac avec une mention très honorable et recevoir le prix des mains du président de la République. Je ne veux pas que mes parents soient déçus le jour de l'affichage des résultats», a-t-elle soutenu. D'une franchise surprenante, une enseignante de mathématiques ne désavoue pas son élève. «On peine à comprendre certains exercices, équations etc.» a-t-elle avoué. Et de reconnaître que «les difficultés de nos élèves sont plus grandes. Que Dieu soit avec eux!», a-t-elle enchaîné.