RESUME : Fatia n'est toujours pas revenue à elle. Sa glycémie est toujours élevée. Djohar reste à son chevet. Elle culpabilise, ayant conscience que c'est sa faute si sa mère est dans cet état. Elle ne la laissera jamais mener sa vie, à sa guise… Où as-tu l'intention d'aller ? l'interroge Fatia. - J'ai un coup de fil à donner, répond la jeune fille. Je vais demander à une camarade... - Tu es en train de mentir, l'interrompt sa mère. Tu veux appeler ce bon à rien. - Ce bon à rien est avocat, rétorque Djohar. Quoi que tu penses de lui, c'est quelqu'un de bien. Si tu prenais le temps de le connaître, tu découvrirais que c'est un gentil garçon. - Il est mou et il se fait tout petit devant sa mère, dit Fatia à qui la colère donne des couleurs aux joues. Il ne pourra jamais rendre heureuse une femme. - Ton jugement est sans fondement. Et puis, il n'y a rien de mal à ce qu'il respecte sa mère, le défend la jeune fille. Tout ce qu'attend une mère de son enfant est qu'il la respecte ! - Cette discussion ne nous mènera nulle part. Il est hors de question que tu fasses ta vie avec ce moins que rien. Djohar n'insiste pas. Elle ne veut pas que sa mère fasse de nouveau une hyperglycémie. Elle doit la ménager et pas la provoquer. Elle sait qu'elle ne la laissera jamais tranquille et qu'elle voudra toujours avoir le dernier mot. Mais elle est décidée à ne pas être impressionnée par ses coups de colère. Et ses coups de gueule… Sa mère n'a jamais été facile à vivre. En prenant de l'âge, elle ne s'est pas arrangée. En sachant que son proche entourage doit prendre soin d'elle, vu son état de diabétique, elle en profitait un peu. Surtout auprès d'elle, sa fille… Son hyperglycémie n'est pas de la comédie. Elle aurait pu en mourir ou revenir avec des séquelles. Elle s'en est bien sortie cette fois. - Bonjour les filles. Elles sursautent et se tournent vers Mouloud, venu avec des croissants et du café. En plus des affaires que Djohar lui a demandé la veille. - Mais à quelle heure as-tu quitté la maison ? - Six heures… Comme ça, je n'arriverai pas en retard à mon travail, dit-il. Alors comment vas-tu ? - Bien. - Le médecin est passé ? l'interroge-t-il. - Pas encore. - Donc, vous ne savez pas si tu vas sortir aujourd'hui ou demain ? - On sera fixés vers midi. Mouloud décide de revenir plus tard. Djohar en l'accompagnant dans le couloir aperçoit Samir. Elle feint de ne pas le reconnaître. Il ne la met pas dans la gêne. Il ne s'adresse à elle qu'une fois son oncle parti. - J'ai appris pour ta mère, dit il. Comment va-t-elle maintenant ? - Ça va, répond-elle. - Je suis venu la voir. Djohar est triste même si elle s'efforce de sourire. - C'est gentil, murmure-t-elle. Mais tu ferais mieux de partir. - Pourquoi ? - Ecoute, je n'ai pas le temps de t'expliquer, dit-elle. Je dois retourner auprès d'elle… Une autre fois… - Mais je suis là ! s'écrie-t-il. Pourquoi repartirai-je sans la voir ? - Parce que c'est à cause… de nous qu'elle est là… Et sans ajouter d'autres explications, elle le laisse planté au beau milieu du couloir, espérant de tout cœur qu'il ne ferait pas la bêtise de la suivre. ADILA KATIA (à suivre)