Les représentants de dix pays de l'Afrique du Nord et de l'Ouest, dont l'Algérie, sont en conclave depuis hier à l'hôtel El-Aurassi, sous l'égide du ministère de l'Agriculture et de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture de l'ONU (FAO), pour discuter de la mise en place d'un programme de lutte préventive durable contre le criquet pèlerin dans la région. C'est fort de l'expérience positive du programme Empres de lutte, initié par la FAO et qui a touché la région du pourtour de la mer Rouge que l'idée d'étendre le dispositif à d'autres zones vulnérables du continent africain a émergé. En effet, la région occidentale de l'Afrique qui englobe une dizaine de pays (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Tunisie) renferment des zones de survie et des aires de reproduction et de grégarisation du criquet pèlerin. Et comme cette région représente un ensemble indissociable pour la réalisation et la durabilité de la stratégie de lutte préventive, la mise en place d'un dispositif commun dans lequel s'impliquent tous les Etats concernés était devenu plus qu'une nécessité. C'est dans cet esprit que la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO) a été créée en février 2002, dont, entre autres objectifs, celui d'assurer également la coordination du programme Empres pour la région. Mais, il faut dire que le fonctionnement et l'efficacité d'un tel plan dépendent énormément de la disponibilité des moyens notamment financiers. Les participants attendent, en effet, beaucoup de bailleurs de fonds traditionnels pour financer ces campagnes. La présence d'ailleurs des représentants de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement à la réunion, qui a débuté hier, est un signe révélateur des intentions de ces institutions concernant le programme à mettre en œuvre. Mais comme l'a indiqué le secrétaire exécutif du CLCPRO “cela ne suffit pas”, et “seul l'engagement durable des Etats de la région” peut assurer une pérennité à ce dispositif. À ce propos, le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, M. Abdeslam Chelghoum, qui a présidé la séance d'ouverture des travaux de la réunion d'Alger, a réaffirmé “l'engagement de l'Algérie pour une contribution pleine et entière à cette œuvre collective de gestion du phénomène acridien et d'amélioration de la sécurité alimentaire”. Toutefois, tout en insistant sur le fait que ce programme reste tributaire de la disponibilité des ressources financières, M. Chelghoum a réitéré l'appel à la contribution de la communauté internationale pour “la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre de multiples opérations”. M. Moumen, directeur de la protection des végétaux et du contrôle technique au ministère de l'Agriculture, a, pour sa part, indiqué que les efforts consentis lors des campagnes de lutte antiacridienne 2003-2004 et 2004-2005 et qui ont consisté à traiter la menace à la source, c'est-à-dire dans les zones de régénération du criquet, ont permis d'éviter à l'Algérie des pertes économiques qui avoisineraient les 3 milliards de dollars. C'est donc consciente de cette menace permanente qui pèse sur le patrimoine écologique et le secteur agricole du fait des dégâts occasionnés lors de ses déplacements par ce ravageur que l'Algérie préfère prendre les devants pour éviter une telle catastrophe. H. SaIdani