La fiabilité des statistiques pourrait être un moyen infaillible pour faire face aux fluctuations des prix des marchés internationaux. A l'heure où les céréales et la poudre du lait atteignent des prix insoupçonnés, l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) préconise de « s'armer » d'un bon système de collecte d'information pour être en position de force dans les marchés internationaux. Lors de la 20e session de la commission des statistiques agricoles pour l'Afrique (CASA) qui s'est ouverte hier à l'hôtel Hilton, Guy de Lannoy, représentant de l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a souligné l'importance des statistiques agricoles fiables dans la mesure où elles permettent d'anticiper les défis à venir. « Les statistiques (ménages, dépenses, surfaces agricoles, production…) permettent de réajuster les prix afin de bien se positionner par rapport aux marchés internationaux pour être en situation de force et ne plus dépendre des fluctuations des marchés », nous dit-il. Afin de répondre à ces besoins, a souligné le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, la « loi d'orientation agricole » qui sera adoptée prochainement permettra de mettre en place un véritable système d'information agricole (SIA). Ce système devra à la fois reposer sur une stratégie de développement des statistiques agricoles et faire bénéficier les structures concernées d'un renforcement de capacités qui leur permettra de prendre en charge ces nouvelles missions d'une façon efficace et durable. La mise en place de cet instrument de planification et d'orientation se fera de manière concomitante avec la réalisation d'un nouveau recensement agricole. M. Barkat a saisi l'opportunité de cette session pour faire la promotion du programme national de développement agricole et rural (PNDAR). La mise en œuvre de ce programme d'investissement a permis, en sept années, selon le premier responsable du département de l'Agriculture, d'enregistrer des résultats significatifs. Il s'agit notamment de la mise à niveau de plus de 300 000 exploitations agricoles aujourd'hui économiquement viables, d'un taux de croissance moyen de 8%, de la contribution au PIB de l'ordre de 10%, la création de plus d'un million d'emplois, du doublement du verger arboricole qui est passé de 500 000 ha en 2000 à plus de 1 000 000 ha aujourd'hui, de l'extension et la bonification de la surface agricole utile de plus de 500 000 ha ainsi que la sauvegarde de plus de trois millions de parcours steppiques de la désertification. L'Algérie est assez bien lotie en statistiques en comparaison avec certains pays africains. Selon M. Baïs, directeur des statistiques et des études économiques au ministère de l'Agriculture, « nos statistiques sont les plus proches de la réalité ». Alors que la marge d'erreur dans les pays développés est de l'ordre de 5%, elle est de près de 50% dans les pays africains. Les statisticiens venus de 38 pays ont unanimement mis en exergue l'importance que revêt une base d'informations statistiques pertinentes et disponibles dans les délais pour la réussite de programmes de développement des productions et des infrastructures agricoles en Afrique avec, pour finalité suprême, l'accès équitable à la nourriture. L'Afrique, qui compte le plus grand nombre des 850 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde, tente de réussir le pari de réduire à terme la pauvreté et la malnutrition.