Vivre avec ou sans Ronaldo, l'enfant terrible des années “Galactiques” : c'est le dilemme quasi shakespearien d'un Real Madrid en pleine autocritique avant le match crucial de demain soir à Londres face à Arsenal, en 8e de finale retour de la Ligue des champions de football. Egoïste, gros, fêtard : les critiques se sont déchaînées contre le Brésilien après la démission surprise la semaine dernière du président Florentino Perez, qui avait reconnu avoir mal éduqué ses stars capricieuses. Alors que la nouvelle direction promet de rhabiller en bleu-de-chauffe un vestiaire réputé plus assidu aux feux de la rampe et chaudes nuits madrilènes qu'à l'entraînement du matin, Ronaldo fait figure de commode victime expiatoire. On lui pardonnait tout quand il marquait, mais il est beaucoup moins décisif que par le passé. Alors, l'ambiance est au divorce, avec Ronaldo en mari volage. Et le choc contre Arsenal ressemble, à s'y méprendre, à une audience de conciliation de pure forme. La presse sportive madrilène se perdait lundi en conjectures pour savoir si Ronaldo serait ou non aligné à Highbury pour le match de l'année du Real qui, en cas d'échec, filera tout droit vers sa troisième saison sans titre. L'entraîneur Juan Lopez Caro a promis qu'il ferait jouer “des hommes pas des noms”. Maintiendra-t-il son choix, payant, de remplacer Ronaldo par l'Italien Cassano, travailleur et auteur d'un but samedi soir en championnat d'Espagne lors du derby victorieux (2-1) contre l'Atletico Madrid ? “Il existe de nombreux indices laissant penser que le Brésilien pourrait se retrouver une nouvelle fois exclu du onze titulaire”, estimait lundi le journal sportif Marca. Son concurrent AS soulignait que Ronaldo serait “extrêmement déçu” de ne pas être titularisé après avoir été ménagé en Liga. L'entraîneur, lui-même sur un siège éjectable, joue gros sur cette décision. La presse espagnole rappelle tout de même la nuit magique pas si lointaine du 23 avril 2003 où Ronaldo avait marqué trois fois à Manchester. Titulaire ou pas demain, il semble de toute façon peu probable que Ronaldo, 29 ans, poursuive sa carrière à Madrid. Le quotidien El Pais faisait ce week-end une “lecture politique” de l'absence du Brésilien face à l'Atletico Madrid, jugeant que sa tête avait été “livrée aux supporteurs”. À la veille du match aller contre Arsenal, Ronaldo avait scandalisé les sensibles tribunes du Santiago-Bernabeu en affirmant qu'il se sentait mal-aimé. Il avait évoqué un possible départ en fin de saison, alors que la rumeur le dit nostalgique de ses années passées à l'Inter Milan. Longtemps protégé par l'indulgent papa-gâteau Florentino Perez, Ronaldo suscite en outre l'hostilité ouverte du clan des Espagnols du Real, emmené par Raul, le capitaine et chouchou du Bernabeu. Commentaire, amicalement anonyme, de l'un d'eux dimanche dans El Mundo : “Il ne défend pas, ne court pas, se fout de tout, ne cherche que son bénéfice personnel pour le moindre effort. Et en plus, en dehors du terrain, c'est le plus égoïste.” Marca appelle même à la rescousse Michel Platini, qui a déclaré à la chaîne Sky Sports : “Je crois que le Ronaldo d'aujourd'hui a trop d'années et de kilos. Ce n'est plus celui d'avant.” “Et quand Platini parle, il faut toujours l'écouter”, commente le journal pro-Real.