Une forte délégation composée d'une quarantaine de personnes dont des ministres et des opérateurs économiques accompagnera le président sud-coréen, Roh Moo-Hyun, en visite pour trois jours en Algérie à compter de samedi prochain. Cette visite revêt un cachet particulier puisqu'elle intervient au moment où le gouvernement consolide son programme quinquennal de relance économique réévalué à environ 60 milliards de dollars d'ici à 2009. La venue du premier magistrat de la Corée du Sud signifie clairement que ce pays, dont les relations diplomatiques avec l'Algérie ont été établies depuis le début des années 1990, ne veut pas être à l'écart de ce qui se fait actuellement dans notre pays. Les mutations économiques que suit progressivement l'Algérie ne laissent pas indifférents les dirigeants sud-coréens, à leur tête, Roh Moo-Hyun. L'action entreprise par ce dernier confirme si besoin est la nouvelle stratégie économique de la Corée du Sud, orientée vers l'Afrique du Nord. Ainsi, après le Moyen-Orient, les opérateurs sud-coréens optent entre autres pour les pays du Maghreb dont les marchés restent porteurs. Deux principaux secteurs intéressent les investisseurs sud-coréens. Outre la réalisation d'installations et autres infrastructures pétrolières, ils ont émis le vœu de se lancer dans des projets d'exploration des gisements, de forage... Dans ce cadre, un accord de coopération portant sur les ressources énergétiques sera signé entre les deux pays. L'autre secteur pour lequel les opérateurs sud-coréens souhaitent prouver leurs compétences a trait à l'habitat et à la construction d'une manière générale. En effet, de grands groupes, à l'image de Hyundai Construction, ont déjà fait leurs preuves dans ce domaine. C'est ainsi qu'un autre accord de coopération pour la construction de logements sera paraphé par les responsables des deux pays au cours de cette visite. Les secteurs de la construction, des infrastructures et de l'énergie ciblés La Corée espère de ce fait prendre part aux projets, notamment les infrastructures, identifiés dans le cadre du programme de relance économique. Selon l'assistant du ministre coréen de la Construction, Seo Jong-Dae, la Corée est en mesure de réaliser en moyenne quelque 500 000 logements/an. Le projet de réalisation de la nouvelle ville de Sidi-Abdellah près d'Alger intéresse énormément ce ministère. Les opérateurs coréens proposent aussi des logements sociaux qui peuvent être accessibles aux bourses moyennes en Algérie. La visite du président sud-coréen qui sera rehaussée par la présence de son ministre des Affaires étrangères se veut également une opportunité pour dégager des projets de partenariat entre les deux pays, en dehors des hydrocarbures. C'est une occasion pour élever le volume des échanges entre les deux partenaires qui demeure encore faible. En 2005, il n'a atteint que 500 millions de dollars. Le chiffre d'affaires n'a pas dépassé les 590 millions de dollars en 2004. L'Algérie reste, cependant, le cinquième partenaire de la Corée du Sud en Afrique après l'Afrique du Sud qui a réalisé un volume d'échanges de 1,96 milliard de dollars en 2004, derrière l'Angola, le Nigeria et l'Egypte. En 2005, les exportations coréennes vers l'Algérie ont dépassé les 268 millions de dollars. La Corée du Sud a importé en revanche à partir de l'Algérie pour un montant de plus de 164 millions de dollars. L'automobile vient au premier rang des produits exportés avec un taux de 62% de l'ensemble des exportations coréennes vers l'Algérie. Viennent ensuite les secteurs de l'électroménager et les équipements, avec respectivement des taux de 19% et de 8,7%. Les projets d'investissement coréens ont, pour rappel, vu le jour en Algérie avec le défunt constructeur automobile Daewoo qui s'était installé en 1993 en édifiant un atelier d'un montant de plus de 5 millions de dollars en 1996. La Corée a ensuite investi, selon les informations de responsables coréens, pour la réalisation des installations pétrolières d'un montant de plus de 20 millions de dollars en 1994. La construction d'une usine de fabrication de couvertures a nécessité aussi un coût avoisinant les 500 000 dollars en 2004. Si pour le projet de l'autoroute Est-Ouest, la Corée semble être en retard, en raison des difficultés de soumissions aux appels d'offres lancés, il n'en demeure pas moins que ce pays suit de près l'évolution du processus de privatisation en Algérie. Ses entreprises souhaitent réellement s'installer dans notre pays. Elles évoquent toutefois trois principaux écueils qui freinent leur bonne volonté. Il s'agit des lenteurs administratives et la complexité des procédures, surtout pour le rachat ou la prise de participation dans le capital des 1 200 entreprises publiques privatisables. En plus de la difficulté de la langue qui n'est pas trop utilisée en Algérie, ces opérateurs soulèvent la problématique de financement à travers le circuit bancaire. B. K.