Téhéran ne craint pas la confrontation. Ahmadinedjad menace les Occidentaux d'utiliser l'arme pétrolière en représailles à d'éventuelles sanctions à cause de son programme nucléaire tout en n'évacuant pas l'idée de sortir du TNP. “Nous quitterons le Traité de non-prolifération nucléaire, si notre droit à l'énergie nucléaire n'était plus assuré”, a déclaré le chef de la diplomatie iranienne. La proposition de Moscou d'un enrichissement d'uranium en Russie pour les centrales iraniennes n'est plus à l'ordre du jour, avec l'envoi du dossier nucléaire iranien à l'Onu, a ajouté le chef de la diplomatie iranienne, soulignant que son pays n'obéira “jamais” à un ordre éventuel du Conseil de sécurité des Nations unies de suspendre son enrichissement d'uranium. Ces déclarations interviennent alors que le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir pour enjoindre l'Iran à suspendre ses activités nucléaires sensibles et à reprendre une coopération élargie avec l'Aiea. “Le poids des sanctions sera définitivement plus lourd pour la communauté internationale que pour nous”, avertit Téhéran, où les autorités se succèdent pour rappeler que l'Iran, outre ses propres gisements, dispose du plus grand et du plus sensible couloir énergétique du monde, en référence au contrôle partiel que le pays exerce sur le détroit d'Ormuz, par lequel transite l'essentiel du pétrole extrait des pays du Golfe. L'Iran menace d'autant plus de recourir à l'arme du pétrole que le marché ne sera pas en mesure de compenser sa part, les Saoudiens arrivant tout juste à remplacer la production irakienne, en chute libre avec les attaques incessantes des insurgés irakiens contre l'occupation américaine. L'Iran, quatrième producteur mondial de brut, et deuxième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, est un acteur majeur du marché. Ahmadinedjad admet que son pays est très largement dépendant de ses exportations de pétrole, qui représentent 80% de ses revenus en devises, et qui contribuent à hauteur de 40% au budget de l'Etat, mais dit faire confiance au nationalisme de ses compatriotes, lesquels sont derrière pour le droit à la maîtrise de la technologie nucléaire, que l'Occident veut leur interdire. Les Etats-Unis ne s'y sont pas trompés. Bush prend au sérieux les menaces iraniennes concernant l'approvisionnement en pétrole. Chez lui, le prix de l'essence, qui a doublé en une année, reste un paramètre d'importance dans sa cote de popularité. Plus que ses déconvenues à l'étranger. D. B.