Les travaux de terrassement des locaux à usage professionnel destinés aux jeunes chômeurs ont suscité un vif mécontentement chez les habitants de la cité Bounaâma-Djilali. Ces derniers sont contre le fait que leur cité soit étouffée par le béton mais encore que les commerces ou les bureaux qui doivent y être implantés engendrent une promiscuité malfaisante, “surtout si les bénéficiaires s'arrogent le droit d'une arrière-boutique…” Saisi par courrier, le chef de daïra qui a reçu le comité de ladite cité nous a expliqué que le choix du terrain ne lui incombait pas (en fait, le site en question a été clôturé depuis deux ans, soit bien avant son arrivée à El Affroun), qu'une commission de wilaya constituée d'experts avait désigné les terrains d'assiette devant accueillir ces projets d'utilité publique dans le cadre du programme présidentiel et qu'il n'y avait vraisemblablement pas d'autre possibilité de choix. “Répondant à des plans types, ces locaux, rassure M. Aïssa Boulahia, premier responsable de la daïra, n'auront pas d'accès vers les bâtiments mais sur les deux avenues qui les bordent.” Répartis sur trois sites (l'ancien Souk El Fellah, à l'entrée ouest d'El Affroun, la cité des 250-Logements à l'entrée est, et la cité HLM Bounaâma-Djilali au centre), “les 105 locaux vont bénéficier (toujours selon le chef de daïra) à des jeunes diplômés d'EI Affroun au chômage qui pourront, en outre, profiter d'aides de l'Etat”. En fait, le problème d'assiette se pose avec acuité. Ce même responsable insiste sur le fait que ces projets vont profiter à la population locale. Pour les mêmes raisons, une crèche communale tant souhaitée par la population n'a pu voir, jusque-là, le jour. La commune d'EI Affroun est saturée : la ville est ceinte, d'une part, par la chaîne de montagnes (Atlas blidéen) et, d'autre part, par les terres agricoles, d'où sa difficile extension et l'absence d'une zone industrielle. À l intérieur de la ville, le moindre espace est sururbanisé. Le béton s'impose, envahit et dévore outrageusement ce qui reste encore de vert. C'est, sans doute, cela qui fait mal aux habitants de la cité Bounaâma, une cité HLM qui date de près de 60 ans et qui, il y a quelques décennies, était entourée de vignobles, d'arbres et de champs de blé. F. SEMAN