Les transferts de fonds des émigrés algériens vers l'Algérie en 2003 ont été estimés de “2,6 à 2,8 milliards d'euros, dont 1,35 milliard d'euros par les circuits officiels”, révèle, hier, une étude parrainée par la Banque européenne d'investissement (BEI). Ces transferts, qui ont représenté 2 à 3% du PIB algérien pour la même année, proviennent, à 90%, d'Europe, ajoute l'étude présentée à la presse à Bruxelles par M. Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la BEI, qui veut mettre en place des mécanismes favorisant ces flux. 45% de ces revenus proviennent de l'émigration algérienne en France et se répartissent en produits de consommation (45%), éducation-santé (13%), logement (23%), investissement productif (8%) et divers (11%), selon l'étude. Ces transferts “par voie officielle” s'effectuent principalement par les sociétés de courrier rapide et les sociétés de transfert d'argent (STA), selon l'étude qui a porté sur huit pays (Algérie, Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie, Syrie, Liban et Turquie). Pour ces huit pays, quelque 7,1 milliards d'euros sont officiellement transférés d'Europe sur un total tenant compte des circuits informels de 12,4 à 13, 6 milliards d'euros. Ils représentent de 1 à 2 % du PIB (Turquie : 1,4 milliard d'euros) à 20-22% du PIB (Jordanie : 95 millions d'euros). Au Maroc, les 2,9 milliards d'euros transférés officiellement (plus de 3 milliards en informel) représentent 6 à 9% du PIB, tandis qu'en Tunisie, 950 millions d'euros transférés officiellement (400 millions à 1 milliard en informel) représentent près de 4 à 5% du PIB. L'Egypte et la Tunisie présentent également la particularité de consacrer une plus grande part en investissements productifs, soit respectivement 15 et 18% des transferts. Si pour les partenaires traditionnels de l'Europe (Algérie, Maroc, Tunisie et Turquie), les immigrés en Union européenne constituent la principale source (85 à 90%) des transferts, dans d'autres pays (Jordanie, Egypte, Liban et Syrie), c'est l'immigration dans les pays du Golfe et dans une moindre mesure des Amériques qui constitue la principale source (contre 5 à 10% en provenance de l'UE pour ces pays). Ces transferts sont utilisés principalement pour l'amélioration des conditions de vie des familles de ces émigrés. À l'exception de la Turquie où les banques ont développé des produits spécifiques (qui ont effacé ainsi les circuits informels) pour les migrants, y compris depuis le pays de l'immigration, le canal dominant pour les transferts est celui des sociétés de transfert d'argent ou de courrier rapide. Cette situation est due, selon l'étude, à la non-bancarisation des bénéficiaires, voire des émetteurs, à la rapidité et la fiabilité des transactions et aux contrats d'exclusivité liant les STA aux systèmes postaux et accords de transfert entre banques de l'UE et les PPM. Pour le financement du développement, l'étude suggère que les banques des PPM qui reçoivent des volumes importants de transferts soient encouragées à “refinancer à moindre coût sur les marchés internationaux des capitaux par des émissions obligataires garanties par les fonds transférés”. La titrisation des transferts, ajoute l'étude, suppose la création d'un compte offshore dédié au transit des devises de la banque émettrice avant leur reconversion en monnaie locale pour le paiement aux bénéficiaires. N. S./APS