Le chef de l'Etat “fera tout pour s'adjuger le soutien du FLN et du RND en raison de la majorité qu'ils détiennent dans les assemblées locales.” Le président Bouteflika peaufine, actuellement, la stratégie de sa réélection. Selon des sources dignes de foi, il vient d'arrêter la décision d'ouvrir des consultations avec un certain nombre de formations politiques susceptibles de porter sa candidature à la magistrature suprême. Néanmoins, Bouteflika prend le soin de choisir le moment idoine pour ce faire et multiplier ainsi ses chances de réussite. Il entamera ses consultations à l'issue des congrès que comptent organiser des partis. Le choix du moment, explique une source très proche de la présidence de la République, obéit à un objectif bien précis. Celui de permettre à Bouteflika de voir clair s'agissant de la stratégie, des repositionnements et des ambitions des partis, notamment ceux de ses deux principaux rivaux et présidentiables, Ahmed Ouyahia et Ali Benflis. Dans l'entourage du Président, on précise que Bouteflika attend pour “voir les conclusions sur lesquelles déboucheront les congrès et par conséquent, prendre la mesure du degré de cohésion de chaque parti”. Cependant, les concertations que mènera le locataire du palais d'El-Mouradia ne seront pas Iimitées aux seuls Front de libération nationale (FLN) de Ali Benflis et du Rassemblement national démocratique (RND) de Ahmed Ouyahia. Elles seront élargies au Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Mahfoud Nahnah, au Mouvement de la réforme nationale (MRN) de Abdellah Djaballah, au Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed et au Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoun. La raison ? Accroître au maximum les soutiens au Président au cas où le leader du RND, Ahmed Ouyahia, et le patron du FLN, Ali Benflis, décideraient de présenter leur candidature à la magistrature suprême d'avril 2004. Mais le président Bouteflika “fera tout pour s'adjuger le soutien du FLN et du RND en raison de la majorité qu'ils détiennent dans les Assemblées locales élues auxquelles échoit traditionnellement la tâche de la préparation de la présidentielle”. Quelle est la contrepartie de Bouteflika à ses soutiens ? Notre source affirme qu'il s'engagera pour la répartition des portefeuilles ministériels dans le gouvernement qui suivra sa réélection. Si tel est le cas, les négociations et les discussions s'annonceront serrées eu égard au caractère pour le moins inconciliable des projets de société des uns et des autres. En ce sens, il ne sera pas aisé pour le Président de trouver un juste équilibre ou du moins, un compromis entre d'un côté, les revendications du FFS, du MRN du PT, et dans une moindre mesure, du MSP et celles qu'exprimeront le FLN et le RND, de l'autre. Concrètement, il s'agira de trouver une position médiane entre l'éternelle exigence du FFS de la dissolution de l'APN et de l'élection d'une Assemblée constituante, du traitement du dossier des disparus et de la libération des dirigeants du FlS dissous, clamés aussi par le MRN, avec les revendications qu'expriment le FLN et le RND. Ces derniers n'ont eu de cesse, en effet, d'exiger une “consolidation des institutions” tout en rejetant catégoriquement l'idée d'une réconciliation nationale avec “ceux qui ont assassiné, violé et brûlé le pays”. En tout cas, le Président ainsi que son cercle de conseillers planchent actuellement sur le stratagème qui serait, selon nos sources, fin prêt le mois d'avril prochain. Par ailleurs et dans le cas où il arrive à convaincre les partis de l'opportunité de le soutenir pour un deuxième mandat, ces derniers soumettront la question à leurs instances organiques suprêmes respectives entre les deux congrès : il s'agit du conseil national (CN) pour le RND et le FLN, du comité central (CC) pour le FLN et des conseils consultatifs (CC) pour le MSP et le MRN. N. M.