La police avertit, dans une note interne adressée à tous ses agents, que l'organisation terroriste a lancé une opération de recrutement en direction des “élargis” de la charte. La police dispose d'informations précises quant à un plan concocté par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) pour renforcer ses rangs et se redéployer à la faveur de la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, qui a permis la libération, depuis début mars, de centaines d'islamistes détenus pour terrorisme. Dans une note interne adressée à tous ses agents, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) avertit qu'elle détient des preuves formelles sur une opération de recrutement lancée par le GSPC en vue d'enrôler des terroristes ayant bénéficié des mesures de la charte du 29 septembre ou des frères et parents, non fichés par les services de sécurité, de terroristes tués. Dans ce document, dont Liberté a obtenu une copie, la police révèle que l'“organisation terroriste armée” dite le GSPC, dirigée par le “terroriste” Droukdel Abdelkrim dit Abou Mossaâb Abdelouadoud, a mis sur pied une nouvelle structure dénommée “La section libre”, dont la mission est de recruter de nouveaux terroristes. Cette section est composée de trois cellules. L'une, dirigée par le “terroriste” Ben Aïssi Mohamed dit Djoulilab, est implantée au centre du pays. La deuxième, pilotée par le “terroriste” Mâadadi Farid (Kouidri) dit Omar Al Gharib, est chargée de commettre des attentats à l'est du pays, tandis que la troisième, dirigée par le “terroriste” dit Abou Horaïra, est implantée à l'Ouest. Ces trois cellules sont divisées en groupes renfermant chacun trois éléments. Ces terroristes sont chargés, sous la direction de l'“émir” du GSPC, de recruter de nouveaux terroristes parmi les repentis en vue de “commettre des opérations criminelles, des attentats à l'explosif à déclenchement à distance par le biais d'appareils de téléphone portable, et l'extorsion de fonds”, à en croire le document de la Sûreté nationale. Ces terroristes ont été instruits par la direction du GSPC de se replier, à l'issue de chaque opération, vers la région de Khemis El-Khechna, dans la banlieue est d'Alger, pour rejoindre la katibat “Djounoud Al-Ahouel”, dirigée par Chaouche Omar, dit Abou Khaled, précise encore la note interne de la police. Pour l'heure, la police a identifié 13 des terroristes faisant partie de la nouvelle “section libre”. Selon le document, certains terroristes impliqués dans ce plan de redéploiement ne sont pas encore identifiés. En revanche, ceux dont les noms ont été cités dans ladite note ont, à en croire cette dernière, une expérience “de guerre et de terrain avérée” et constituent de ce fait un “danger imminent” pour les intérêts du pays et des citoyens. Qui plus est, ces derniers ont été affectés à la zone d'Alger pour un redéploiement visant à commettre des “opérations criminelles”. Ainsi donc, le GSPC confirme non seulement sa volonté de s'opposer à la politique de réconciliation nationale du président Abdelaziz Bouteflika, mais aussi celle de torpiller par tous les moyens sa mise en œuvre. Il faut rappeler que le GSPC avait rejeté la charte peu avant le référendum du 29 septembre, dans un communiqué publié sur son site Internet. Ce référendum “est une perte de temps et un gaspillage de l'argent du peuple. L'Algérie n'a pas besoin d'une Charte pour la paix et la réconciliation mais d'une charte pour l'Islam”, affirmait le GPSC dans ce texte daté du 27 septembre. Ces mises en garde de la police reposent plus que jamais la question de la réinsertion des islamistes qui ont bénéficié récemment des mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Une chose est sûre : le fait que les services de sécurité craignent par-dessus tout que des attentats soient commis dans la capitale où le calme est revenu depuis plusieurs années prouve que l'hypothèse d'une reconstitution des groupes armés n'est pas écartée, en dépit de la mise en œuvre de la charte du 29 septembre, censée pourtant tourner la page de la “tragédie nationale”. Rafik Benkaci