Au plan interne, les observateurs ont aussi noté, avec inquiétude, que les chefs militaires de la 1ère région militaire ont relevé le niveau d'alerte dans l'ouest algérien. Après avoir lancé des opérations à l'Est et au Sud, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat semble privilégier l'ouest du pays et du Maghreb arabe, en y procédant à des opérations de recrutement pour le jihad. C'est ainsi que les services de police ont démantelé une structure terroriste aux ramifications internationales, spécialisée dans le recrutement et l¹acheminement de volontaires vers l'Irak et opérant dans certaines villes et localités marocaines, apprend-on, jeudi, de sources policières. Les spécialistes du dossier sécuritaire marocains estiment que cette opération a été menée de concert entre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien, qui a désormais le leadership sur toutes les organisations djihadistes du Maghreb, grâce notamment à sa collusion avec Al Qaîda, et le Groupe islamique combattant marocain. Dans le cadre de cette opération, les services de police ont interpellé 26 personnes de nationalité marocaine, précise-t-on de même source. La presse spécialisée marocaine a estimé que les premiers éléments de l'enquête ont révélé l'existence de liens idéologiques, de soutien financier et logistique avec des groupes de l'internationale terroriste, dont Al Qaîda, le Gspc algérien, le groupe islamique combattant marocain, ainsi que d'autres personnes vouées à l'action terroriste à l'échelle internationale. Ces personnes seront présentées à la justice, conformément aux dispositions de la loi antiterroriste, avait affirmé un haut responsable de la police marocaine. Par ailleurs, l'opération contre ce groupe intervient une semaine seulement après l'arrestation, à Meftah, près d'Alger, de deux terroristes tunisiens appartenant à un groupe djihadiste, et qui s'apprêtaient à rejoindre les maquis du Gspc. Les deux terroristes venaient de Libye où ils étaient en contact avec d'autres organisations terroristes comme le Groupe islamique combattant libyen. Au Maroc, c'est le Groupe islamique marocain combattant qui serait derrière les opérations de recrutement pour l'Irak, en relation avec le Gspc, qui se pose dans les pays du Maghreb en champion du djihad et comme seul groupe habilité à parler au nom d'Al Qaîda. Le Gicm est, en terre marocaine, le bras armé et gérant de cette opération, qui serait commanditée par Al Qaîda, branche irakienne, via le Gspc algérien. Même si plusieurs de ses chefs ont été emprisonnés en 2005, ou tombés sous les coups assénés par la police marocaine, d'autres éléments auraient repris les activités et continuent à mener dans la discrétion des opérations liées au djihad. Ce sont eux qui sont aujourd'hui pointés du doigt dans cette nouvelle affaire liée au recrutement de volontaires pour l'Irak. En France, le risque d'attentats «reste élevé» estime le juge antiterroriste, Jean-Louis Bruguière, dans un entretien à Sud-Ouest Dimanche. «La volonté des réseaux terroristes de frapper la France est intacte», dit-il. «Nous en avons eu la preuve cet été, juste après la guerre du Liban, lorsque Ayman al-Zawahiri, numéro deux d'Al Qaîda, a menacé la France au même titre que les Etats-Unis. Or on sait que les annonces médiatiques de Zawahiri sont souvent suivies d'effet», explique le magistrat parisien. L'autre «élément inquiétant, c'est l'alliance objective entre Al Qaîda et le Groupement salafiste pour la prédication et le combat». Le Gspc algérien, précise-t-il, est «l'héritier direct des Groupements islamiques armés», les GIA qui ont revendiqué les attentats de Paris en 1995. Pour les salafistes, poursuit le juge, «la France, pays mécréant, est un ennemi exactement au même degré que la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis».Aujourd'hui, dit-il, «l'élément nouveau est l'apparition de groupes mixtes dont les activistes appartiennent au Gspc et aux filières irakiennes. Le démantèlement récent d'un réseau nous a convaincus que certains avaient des objectifs précis à Paris. Nous avons affaire à des individus opérant en France et qui, après un séjour sur le théâtre syro-irakien, reviennent par des voies détournées pour commettre des attentats en Europe, et notamment en France et au Maghreb». L'Irak, ajoute le juge Bruguière, est devenu une «nouvelle terre de jihad» exerçant une «très puissante force d'attraction sur la mouvance islamiste d'origine européenne, drainant de nouvelles recrues très radicalisées». Face à ces menaces, «la seule solution» est de poursuivre dans la stratégie que nous nous sommes fixée: anticiper, et développer nos partenariats, déjà très forts, avec les Etats-Unis, les pays européens, mais aussi avec les pays du Maghreb. Et même au-delà. La menace terroriste, en effet, «n'épargne plus aucun pays de la planète» et des pays «comme l'Indonésie, l'Australie et même le Japon ne sont pas seulement bases arrières, mais cibles à part entière». Au plan interne, les observateurs ont aussi noté, avec inquiétude, que les chefs militaires de la 1ère région militaire ont relevé le niveau d'alerte dans l'ouest algérien. Selon les affirmations d'un haut responsable militaire, les deux terroristes que l'armée avait abattu dans l'Oranie, il y a une vingtaine de jours ont donné l'alerte, «car leur présence à Oran n'était pas fortuite, et renseigne que des actions se préparent dans cette région.» Le fait nouveau dans toute cette agitation dans les pays maghrébins, c'est la collusion définitivement établie entre le Gspc et Al Qaîda, après des années de flirt contrarié. Depuis qu'il a prêté allégeance à Al Qaîda, le Gspc tente de se donner une plus grande dimension et une envergure transnationale, afin, d'abord, de justifier sa connexion avec l'organisation de Ben Laden, de frapper ensuite, même symboliquement, des puissances comme les Etats-Unis et la France (que Zawahiri avait mis en garde), et de se donner de l'aura dans le marché surpeuplé des groupes djihadistes transnationaux. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) doit devenir «l'os dans la gorge des croisés américains et français». Cette formule de guerre lancée par le n°2 de l'organisation Al Qaîda, Aymane al-Zawahiri, constitue, aujourd'hui, la principale source d'inquiétude des services français, qui craignent des attaques surprises de la part des salafistes algériens, mais aussi des services algériens, qui doivent assurer la protection de tous les ressortissants étrangers. Le djihad fait florès, certes, dans le Maghreb, mais avec une orientation plus appuyée maintenant pour l'activité commune et transnationale.