Les nouvelles mesures prises par le gouvernement saoudien, via le ministère du Hadj, risquent de compromettre le départ de centaines de pèlerins à La Mecque. “Aucun visa spécial Omra n'a été délivré pour le moment.” Cette affirmation émane de Hachemaoui Fouad, patron de Fouad Safar, une agence de voyages implantée à Oran. Ce rappel a pour but de clarifier une situation qui met les agences dans une position délicate vis-à-vis de leur clientèle et se veut un holà aux rumeurs propagées par certaines voix quant à la délivrance du fameux sésame. “Ces bruits colportés créent l'amalgame dans l'esprit de nos clients, et il en résulte manifestement une perte de confiance entre eux et les agences sérieuses”, conclura notre interlocuteur. Ces rumeurs, qui ont vite fait le tour des prétendants à la Mecque, trouvent leur origine dans le retard enregistré dans la délivrance des visas, un retard coïncidant avec la fête du Mawlid, et qui perturbe les fidèles qui craignent de rater le voyage aux Lieux Saints. Si la date du 1er avril a déjà été arrêtée par le partenaire saoudien pour le début de l'opération “visa Omra”, les nouvelles mesures prises par le gouvernement saoudien, via le ministère du Hadj, de renforcer davantage les conditions de travail des agences de voyages nationales avec l'introduction d'une annexe au contrat existant risquent, en revanche, de retarder le départ à la Mecque. Malgré la nouvelle réglementation saoudienne en vigueur depuis 2002, qui “associe” les voyagistes saoudiens aux agences de voyages des pays envoyant leurs ressortissants en Terre Sainte de l'islam, les défections des fidèles venus du monde entier continuent. Se voulant un rempart contre l'émigration clandestine, à travers le pèlerinage, les dispositions prises, semble-t-il, n'ont pas donné entière satisfaction et nombre de pèlerins ne se présentent pas à l'embarquement à la fin du rite. Ainsi, l'on apprendra que sur les quelque 200 agences saoudiennes qui travaillent avec les voyagistes étrangers, plus de 50% d'entre elles ont perdu leur agrément à cause du très grand nombre de “fuites” enregistré chaque année. Ce durcissement de la position saoudienne stipule que si une agence algérienne ou autre enregistre plus de 5% de retardataires parmi ses clients au retour, l'opérateur est sanctionné et son agrément retiré. Ce pourcentage est doublé pour les agences de voyages locales. Cette épée de Damoclès n'est franchement pas du goût des voyagistes algériens qui ne se sentent nullement responsables de la défection de leurs clients une fois à la Mecque. “Même la confiscation du passeport et du billet de retour ne sont plus une garantie pour obliger les gens à revenir au pays. On ne peut tout de même pas être derrière chaque pèlerin pour l'obliger à reprendre l'avion”, se défendra notre interlocuteur. Concernant cette annexe — connue seulement depuis une vingtaine de jours à travers le bouche à oreille —“aucune information officielle ne nous a été communiquée ni par les algériens ni par les saoudiens”, déclarent des voyagistes algériens, qui, pris de cours, ils se sont procuré ce document par l'intermédiaire de leurs partenaires saoudiens. L'annexe en question doit être préalablement visée par les ministères du Tourisme, des Affaires religieuses et des Affaires étrangères avant d'atterrir au consulat saoudien. Un parcours qui achopperait sur le nouveau cahier des charges du minsitère des Affaires religieuses, et qui n'aurait pas été distribué aux agences concernées. Pour le moment, les agences nationales, agréées par l'association internationale pour le transport aérien (IATA), seules habilitées par le gouvernement saoudien à recevoir les visas pour la Omra restent dans l'expectative la plus totale, et le retard pris risque de perdurer. SAïD OUSSAD