L'Administration américaine a estimé mardi que le message attribué à Oussama Ben Laden confirmait qu'il faisait “cause commune” avec l'Irak, et donnait de fait des arguments supplémentaires pour une intervention militaire contre le régime de Bagdad. Le régime irakien et le réseau terroriste “semblent trouver une cause commune” et sont “liés par une haine commune”, a martelé le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, alors que les Etats-Unis rencontrent de nombreuses résistances au sein de l'Otan et de l'ONU contre une possible action militaire à court terme. Le chef d'Al Qaïda “menace tout le monde arabe à l'exception de Saddam Hussein et il dit qu'il veut se battre pour lui”, a ajouté M. Boucher, interrogé par la chaîne du Qatar Al Jazira, dans la foulée de la diffusion par cette télévision satellitaire du message sonore attribué à Ben laden. “Il est clair qu'il y a des liens (entre Al Qaïda et le régime irakien), qu'il y a des communication, qu'il y a des contacts”, a ajouté M. Boucher, en estimant que le secrétaire d'Etat Colin Powell avait présenté des “faits solides” sur ce sujet devant le Conseil de sécurité de l'ONU le 5 février. Un haut responsable de la Maison Blanche, parlant sous couvert de l'anonymat, à quant à lui évoqué une possible “alliance naissante de la terreur”, entre un Etat accusé de posséder des armes de destruction massive et un réseau terroriste capable de les utiliser pour des attentats. La prompte réaction américaine contraste avec l'attitude de Washington après de précédentes diffusions de vidéos ou d'enregistrements sonores du même genre par la chaîne arabe. Washington avait souvent par le passé cherché à minimiser la porté de documents montrant le commanditaire des attentats du 11 septembre 2001. Washington avait également pris sont emps en novembre dernier pour confirmer à contrecœur la très probable authenticité d'une précédente bande sonore attribuée à Ben laden. Mardi, à l'inverse de hautes responsables américains ont cherché à exploiter le plus rapidement possible ce document sonore, indiquant qu'il portait très certainement la voix de Ben Laden, même si la date et le lieu de l'enregistrement ne sont pas connus. Depuis une quinzaine de jours, Washington fait des liens présumés entre Bagdad et l'organisation terroriste un élément central dans son argumentation contre le régime irakien, en plus des armes de destructions massive et du manque de coopération irakienne avec les inspecteurs de l'ONU. L'Irak pour sa part a toujours démenti avoir des liens avec le réseau Al Qaïda. De nombreux experts du terrorisme et gouvernements étrangers sont également sceptiques sur l'existence de tels liens. L'offensive américaine a commencé mardi avant même qu'Al Jazira annonçait posséder cet enregistrement et ne le diffuse. M. Powell avait été le premier à en parler dans la matinée lors d'une audition devant la commission du Budget du Sénat. Le chef de la diplomatie américaine avait indiqué avoir lu une traduction de la bande sonore, assurant que Ben Laden y reconnaissait “être en partenariat avec l'Irak”.