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L'Algérie classée à la 84e place
Indice de perception de la corruption pour 2006
Publié dans Liberté le 07 - 11 - 2006

Transparency International (TI) a attribué à l'Algérie une note de 3,1 sur 10, en matière de perception de la corruption, dans ses résultats de l'édition 2006, rendus publics hier.
L'ONG de lutte contre la corruption a classé notre pays à la 84e place, au même rang que la Mauritanie, au-dessous de la Tunisie (51e place) et du Maroc (79e place) et au-dessus de la Libye (105e place).
L'Algérie a cependant amélioré son score, comparativement à l'année 2005 (2,8 et 97e place), à 2004 (2,7 et 97e place) et à 2003 (2,6 et 88e place). L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), qui est une des sections de TI, a donné hier la lecture des résultats obtenus. Lors d'une conférence de presse animée à la maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger, son porte-parole n'a pas fait dans l'autosatisfaction. Bien au contraire, Djilali Hadjadj a expliqué que le score atteint par l'Algérie et son classement par TI “confirment l'existence d'un très haut niveau de corruption”. Quant aux trois dixièmes de point gagnés, il a estimé qu'ils “ne sont pas significatifs d'une amélioration dans la lutte contre la corruption, encore moins d'une volonté politique effective sur le terrain”. Pour l'AACC et son responsable, “ce gain traduirait (…) l'engagement de l'Algérie en matière de ratification des conventions des Nations unies et de l'Union africaine contre la corruption”. Un engagement qui, de l'avis de Hadjadj, ne se traduit pas sur le terrain de l'application “à la lecture de la loi (algérienne) du 20 février 2006” ni dans le domaine économique “lorsqu'on s'aperçoit que le volume des échanges commerciaux de l'Algérie avec les 10 pays les moins corrompus, sont dérisoires”.
L'intervenant a en outre fait part des “terribles enjeux” de la conférence des Etats-parties de la Convention de l'ONU contre la corruption, qui se tiendra en Jordanie du 10 au 14 décembre prochain, pour asseoir les “mécanismes internationaux de suivi et d'application sous l'égide des Nations unies”.
En informant de la présence d'une délégation de 15 membres de TI à cette rencontre, en qualité d'observateurs, dont la section algérienne. “Notre association va présenter un rapport que nous rendrons public”, a indiqué le porte-parole de l'AACC, en appelant le gouvernement à rendre public à son tour le rapport qu'il soumettra à la conférence de Jordanie. Interpellé sur les affaires de corruption dévoilées actuellement par la presse nationale, Hadjadj n'a pas caché ses appréhensions, allant jusqu'à déclarer que le déballage des dossiers de corruption “ne nous réjouit pas”, parce que craignant des “règlements de compte”.
Il a pourtant reconnu que la situation dans le domaine de la corruption “est en train de s'aggraver” en s'interrogeant sur la raison de “la mise en place d'un programme de 100 milliards de dinars, au moment où le dispositif des marchés publics est piétiné et où le Conseil des ministres encourage le gré à gré”.
Il a par ailleurs trouvé “anormal” que les pouvoirs publics gardent le silence sur l'affaire BRC. Le même constat est établi pour l'affaire Khalifa qui connaît des “lenteurs” et celle, plus récente, d'Echourouk El-Youmi.
Un appel a été lancé aux médias pour enquêter sur la situation de l'Entreprise nationale de la navigation aérienne (Enna) qui traite de marchés juteux “dans un secteur extrêmement sensible”.
L'AACC, par la voix de son représentant, a relevé que les secteurs concernés par la corruption en 2006 sont “la construction et les réalisations, l'eau et le transport. Mais, le secteur de la santé n'est pas en reste”, selon Hadjadj, qui a dénoncé notamment “les surfacturations” et “l'importation d'équipements lourds”.
Pour la seule filière du médicament, il a relevé une surfacturation de plusieurs millions de dollars en 2005, car “sur le milliard de dollars de médicaments importés, 350 millions de dollars sont suffisants pour couvrir les besoins de la population algérienne, selon l'OMS”.
Mais, ces anomalies trouvent réponse, d'après lui, dans “l'absence d'une politique nationale” en matière de médicaments. “Nous ne sommes pas favorables à la création d'une agence anticorruption, mais nous sommes pour la réhabilitation des institutions existantes, comme l'Inspection générale des finances et la Cour des comptes”, a-t-il soutenu.
Avant d'insister sur la mission de sa section : celle de s'inscrire dans “une dynamique citoyenne de protection des dénonciateurs et victimes de la corruption”.
H. Ameyar


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