Ils étaient nombreux à avoir afflué des différentes régions de la Kabylie, ayant sacrifié leur journée de l'Aïd, mardi dernier, pour venir manifester, malgré la pluie, devant la maison d'arrêt de Tizi Ouzou où se trouvent les détenus du mouvement citoyen, en détention préventive depuis quatre mois. N'ayant pas le cœur à fêter l'Aïd au moment où leurs compagnons de combat sont otages entre les murs de la prison, tous les délégués de la CADC, mais également plusieurs citoyens, ont préféré crier pendant toute une demi-journée des slogans exigeant la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus du mouvement citoyen. “Je ne vous dirai pas bonne fête mais bon combat. Vous n'avez pas fêté l'Aïd car nos frères de combat sont à côté, entre les murs de cette prison”, lancera aux manifestants, par mégaphone, Ali Aouanèche, délégué de la coordination communale d'Ath Zmenzer. Suivront ensuite des slogans scandés en chœur par la foule compacte, qui s'était formée sur le trottoir faisant face à l'entrée de la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Certains brandissaient, à l'occasion, des emblèmes noirs et portaient des bandeaux de la même couleur. “Ulac l'Aïd ma ulac Belaïd !” (pas d'Aïd sans Belaïd), scandait-on. Khaled Guermah a pris la parole pour dire que justice doit être faite. “Je suis venu pour pleurer devant la prison au lieu de fêter l'Aïd”, nous déclare-t-il. Saïd Mokrab, autre parent de victime du Printemps noir, était également présent, malgré son état de santé avec Boualem Akkouche, qui n'a cessé de verser des larmes durant tout le rassemblement. “Nous n'avons pas besoin d'indemnité, nous voulons la plate-forme d'El-Kseur”, déclarera ce dernier. En face, devant la maison d'arrêt, un dispositif policier était en place pour empêcher toute tentative des manifestants de s'approcher de l'édifice. “Libérez nos détenus, jugez les assassins”, “Pouvoir assassin”, “Nous sommes tous des Imazighen” et “Y en a marre de ce pouvoir”, étaient entre autres les mots d'ordres criés par les manifestants que Dda Youcef, délégué de la coordination de la commune de Mekla, ne cessait de stimuler par force mouvements, outre des slogans acerbes à l'encontre du pouvoir. A 13 heures, une minute de silence a été observée à la mémoire de toutes les victimes du Printemps noir avant que la foule ne s'ébranle dans une marche vers la ville. La procession a quitté les lieux en scandant ses mots d'ordre à travers la rue Bouaziz puis s'est engagée dans la “grande rue” avant d'atteindre le quartier Les Genêts. Hier, la CADC a rendu visite aux parents des détenus ainsi qu'au blessé de Seddouk, Sadek Aït Mansour qui séjourne à l'hôpital de Tizi Ouzou depuis le 4 novembre dernier après avoir été touché par balle à la tête. Notons que sept prévenus de la localité de Laâzib (Naciria) seront présentés ce mardi, devant la cour de Boumerdès, après appel du procureur à la décision de la juge du tribunal de Bordj Ménaïel de les libérer. Ce lundi, une réunion des parents des martyrs et blessés du Printemps noir se tiendra à Tizi Rached, a annoncé, par ailleurs, la présidence tournante de la CADC. K. S.