Les délégués de la CADC de Tizi Ouzou mais aussi des dizaines de citoyens et amis des détenus venus d'Ath Yenni, Mekla, Larbâa Nath Irathen, Tizi Rached, Makouda, Ath Jennad, Ath Ghobri et Ath Ouacifs se sont rassemblés jeudi dernier devant la prison de Tizi Ouzou. C'est par un froid glacial et sous une pluie torrentielle que pendant plus de quatre heures ils s'échineront, devant la maison d'arrêt, à crier sans relâche l'exigence de la libération des détenus du mouvement citoyen, véritables otages politiques du pouvoir, et de juger les assassins qui jouissent d'une impunité totale. Les manifestants, empêchés par la police postée devant le portail de la prison tôt dans la matinée de jeudi de s'approcher de la maison d'arrêt, ont dû, pour éviter l'affrontement, se contenter de s'installer sur l'autre côté de la rue. Bien avant 10h, des personnes ont commencé à se regrouper. Brandissant l'emblème national, des drapeaux noirs et une grande banderole sur laquelle on pouvait lire : “Zerhouni, Boutef, Boustilla criminels d'Etat”, les manifestants, qui se sont enchaînés à l'aide d'une grosse chaîne cadenassée en signe de solidarité avec les détenus, ne cesseront de scander les slogans habituels de la protesta kabyle : “Libérez nos détenus, jugez vos assassins”, “Gendarmes assassins, police complice”, “Zerhouni maroki”, “Ulac smah ulac”, “Pouvoir assassin”, “Cherak harki” (maire de Tizi Ouzou, NDLR), etc. Les véhicules de passage appuyaient le rassemblement par des coups de klaxon, alors que des policiers et responsables de la maison d'arrêt surveillaient de loin la manifestation. Vers 14h, les délégués ont décidé de mettre fin au sit-in. En occupant la rue, bloquant ainsi la circulation pendant quelques minutes, une déclaration a été lue par des membres du mouvement citoyen, car “arbitrairement incarcérés”, et demandant à ces derniers de cesser la grève de la faim entamée mardi dernier. Après une minute de silence, le rassemblement s'est transformé en marche improvisée, à laquelle beaucoup de personnes se sont jointes. La procession humaine a sillonné la ville de Tizi Ouzou en scandant les mots d'ordre du mouvement citoyen. La marche a abouti au quartier phare du mouvement citoyen, Les Genêts, qui est également celui de l'un des détenus, Belaïd Abrika. Ce dernier entame aujourd'hui le cinquième jour de la grève de la faim illimitée avec quatre autres délégués de la CADC. Les détenus du mouvement citoyen n'ont finalement pas été concernés par la grâce présidentielle et boucleront bientôt le deuxième mois d'une détention préventive. Selon des informations sûres, les grévistes de la faim ne veulent même pas boire de l'eau, ni naturelle ni sucrée, et leur état de santé commence à se dégrader. K. S.