Sans faire référence à d'éventuelles mesures ou sanctions, l'organe exécutif des Nations unies a accordé trente jours à Téhéran pour suspendre totalement l'enrichissement de son uranium. L'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) a été chargée par le Conseil de sécurité de l'ONU d'établir un rapport sur la manière dont l'Iran se sera conformé aux dispositions de la déclaration lui enjoignant la suspension de ses activités nucléaires. Le texte adopté stipule la demande au régime des Mollahs de “prendre les mesures requises par le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) (...) qui sont essentielles pour établir la confiance (de la communauté internationale) dans le caractère exclusivement pacifique de son programme nucléaire”. Il y est également souligné “l'importance particulière d'un rétablissement complet et durable de la suspension de toute activité liée à l'enrichissement d'uranium, y compris dans un cadre de recherche et développement, et que cette suspension soit vérifiée par l'Aiea”. Cet ultimatum est très nuancé par rapport à la première version préconisée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui indiquait que le programme nucléaire iranien constituait une menace à la paix et à la sécurité internationales. Il faut dire que Moscou et Pékin ont pesé de tout leur poids pour que la déclaration ne fasse pas référence à des mesures punitives. En dépit de cela, les Occidentaux estiment qu'il s'agit d'un “message fort” en direction de l'Iran, car “dans 30 jours, le Conseil de sécurité sera compétent et prêt à agir”, affirme John Bolton, l'ambassadeur américain à l'ONU. Même son de cloche chez le représentant français, Jean-Marc de la Sablière, qui précisé que “le Conseil de sécurité prendra ses responsabilités, la balle est maintenant dans le camp de l'Iran”. Les deux hommes se sont cependant abstenus d'évoquer les mesures que prendrait en avril prochain le Conseil de sécurité, au cas où Téhéran ne cède pas. Pour la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, “la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité envoie un message indubitable à l'Iran que ses efforts pour dissimuler son programme nucléaire et échapper à ses obligations internationales sont inacceptables”. La première réaction des Iraniens a été de repousser cette déclaration. Javad Zarif, l'ambassadeur perse auprès des Nations unies, a déclaré que l'Iran est “allergique aux pressions et aux menaces et à l'intimidation”. Il a réaffirmé le droit de l'Iran à l'énergie nucléaire, tout en soulignant qu'il n'était pas question de développer des armes de destruction massive. M. Zarif a tenu à préciser que “l'engagement de l'Iran au régime de non-prolifération est catégorique” et que “l'Iran est engagé par ses obligations, pas seulement parce qu'elles sont des obligations en vertu du traité, mais en fait parce qu'elles sont basées dans nos décrets historiques ainsi que religieux”. De son côté, le l'ambassadeur iranien auprès l'Aiea, Aliasghar Soltanieh, a catégoriquement rejeté la demande du Conseil de sécurité en insistant sur le fait que “la décision de l'Iran sur l'enrichissement, en particulier dans les domaines de la recherche et du développement, est irréversible”. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et l'Allemagne ont fait presque front commun, jeudi à Berlin, pour demander à l'Iran de se plier au dernier ultimatum de l'Onu, la Chine et la Russie mettant singulièrement en garde contre une escalade de la violence ou des sanctions. K. A.