Durant cette conférence, l'imam a évité d'aborder le terrorisme et la réconciliation nationale. Il fallait jouer des coudes pour accéder à la maison de la culture Mouloud-Mammeri où se déroulait, jeudi dernier, la conférence de l'illustre imam Youcef El-Karadaoui. Une heure avant le début de la causerie, la salle était déjà submergée par une foule compacte venue même des wilayas limitrophes. Pour permettre à ceux qui n'ont pu y accéder, faute de places, de suivre l'intervention du mufti égyptien, des mégaphones ont été installés à l'extérieur. C'est sous haute escorte de gardes du corps de la présidence de la République que l'éminent théologien, accompagné de son épouse, fera son entrée sur une tribune fleurie où trônaient également l'emblème national et le portrait du président Bouteflika. Il commencera son discours par les “salams agrémentés d'un azul fellawen”. L'assistance répond par une salve d'applaudissements. “J'étais tout à l'enthousiasme de venir en Kabylie, la terre des Amazighs, les hommes libres, qui ont embrassé l'Islam dès le premier jour. La wilaya de Tizi Ouzou a toujours été la région du Coran, des zaouïas, de la science, du soufisme et du djihad”. Dans le même ordre d'idées, il rappellera l'épopée de Tarek Ibn Ziad, le conquérant de l'Andalousie, de cheikh El-Hadad, de l'Emir Abdelkader, d'El-Mokrani, de l'héroïne Lala Fathma n'Soummer, femme remarquable par son courage face aux généraux français, et le colonel Amirouche qu'il cite nommément. “La Kabylie est la terre d'Islam. elle ne peut se dissocier de l'Islam comme l'Islam ne peut se dissocier d'elle. Ceux qui tentent vainement l'évangélisation de cette région se trompent de société. La Kabylie ne vendra pas sa religion qui est l'Islam”, clame-t-il d'un verbe haut. Il a estimé, par ailleurs, que “le président algérien Abdelaziz Bouteflika a raison de réglementer l'exercice du culte”. Il fait allusion à l'ordonnance présidentielle fixant les règles et conditions de l'exercice des cultes autre que musulman et tendant à endiguer les missions de prosélytisme menées, notamment par les églises évangélistes dans certaines régions du pays. Sur un autre plan, Youcef El-Karadaoui se dit “ahuri” par l'accoutrement des filles dans les rues de la ville de Tizi Ouzou tout comme il s'étonne du fait que toutes les enseignes des magasins soient écrites en français, alors que, selon lui, le peuple algérien est plus proche de l'arabe que de la langue de Molière. “Ce sont les retombées de la colonisation. Tout musulman jaloux de sa religion ne doit pas tolérer ces tenues qui portent atteinte à notre société. Il faut sauvegarder les constantes de notre peuple qui sont fondées sur l'Islam avant tout.” L'autre sujet abordé par le conférencier est la décadence de la ouma islamique. “L'Europe a pris l'exemple sur nous il y a quelques siècles avant que nous plongions dans un sommeil profond. Tant que la nation est attachée à sa religion, elle est plus forte et le contraire est valable”, professe le mufti. Il y a lieu de souligner que le conférencier a évité d'aborder le terrorisme et la réconciliation nationale. Il avait eu à s'exprimer sur les deux dossiers en marge du séminaire du HCI d'Alger. A. Tahraoui