“La vulnérabilité du vieux bâti doit relever impérativement de la sécurité nationale. Il ne doit pas dépendre d'un simple organe relevant du ministère de l'habitat et de l'urbanisme”. C'est ce qu'a déclaré le professeur Chelghoum Abdelkrim, spécialiste en génie parasismique en marge de la table ronde organisée hier par le quotidien El Moudjahid sur l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. Pour lui, il est impératif d'identifier tous les bâtiments réputés vulnérables. Puis, il y a lieu de calculer le coût exact de leur renforcement et déduire ensuite s'il est préférable de les démolir ou de les conforter. Le devenir du vieux bâti est une problématique qui défraye la chronique ces derniers temps. Faut-il le détruire pour en faire, sur les espaces récupérés, des villes nouvelles ou le réconforter afin de sauvegarder l'aspect architectural authentique des grandes métropoles telles que Alger, Constantine, Oran…? C'est là l'une des questions abordées par les experts présents à cette rencontre. Selon M. Belazougui, directeur du CGS, l'environnement du bâti en Algérie est “chaotique”. Il faut, suggérera-t-il, réagir par le biais d'une vision claire à moyen et long terme. Un autre expert estime qu'il est nécessaire de séparer le vieux bâti (habitation) et celui qui fait partie du patrimoine national. Les sites historiques tels que La Casbah doivent être préservés en les réhabilitant. L'autre type de bâti, en revanche, devrait être conforté si cela est possible, sinon, il sera démoli. L'essentiel, pour un autre expert, c'est de ne plus augmenter les risques existants. La conception, le calcul et l'exécution des ouvrages doivent se faire en tenant compte des données parasismiques. Il faut aller crescendo dans la réhabilitation des bâtisses vulnérables. à commencer par le confortement des bâtiments stratégiques qui datent des années 1930 comme le palais du gouvernement… La situation décrite par M. Boudaoud, président du collège national des experts architectes (Cnea) est, on ne peut mieux, alarmante. Elle est d'autant plus dangereuse que la moitié de la population réside au nord du pays, une zone réputée pour sa sismicité, donc exposée aux aléas sismiques. Sur les 33 millions d'habitants recensés en Algérie, plus de 20 millions, souligne-t-on, habitent dans les villes. Ce qui représente un écart énorme. D'où la décision du gouvernement de se redéployer sur les régions des Hauts-plateaux et du Sud. Or dans ces régions, les collectivités locales, est-il relevé dans les débats, souffrent d'un manque de prérogatives et d'architectes. Pourtant, il existe quelque 12 000 architectes dans le pays dont une partie est au chômage. Conséquences : des cités entières édifiées sans permis de construire ni permis de lotir et autres certificats de conformité… M. Boudaoud a avancé le chiffre de 10 000 carcasses d'habitations construites depuis 1986 sans que les travaux ne soient achevés. L'autre problématique sur laquelle se sont entendus les spécialistes présents a trait au non-respect des lois sur l'urbanisme voire leur non-application. D'aucuns affirment que l'état algérien a élaboré une réglementation adéquate, mais l'application fait défaut à tous les niveaux. à la question de savoir si le nouveau siège du ministère de l'énergie est réellement construit sur un lit d'oued au val d'Hydra, M. Belazougui rassure tout le monde en n'engageant que sa propre opinion : “le bâtiment ne va pas s'effondrer.” Badreddine K.