Le rejet de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale n'est pas l'apanage des seules familles victimes du terrorisme qui, depuis la promulgation des textes de sa mise en œuvre, manifestent, tous les dimanches, devant le Palais du gouvernement pour demander son retrait. Ne voilà-t-il pas donc les familles de disparus qui, comme pour leur faire écho, ont décidé d'introduire un recours auprès du président de la République exigeant de lui rien moins que l'annulation pure et simple de ladite charte. “Refusant de voir leurs droits bafoués, une centaine de familles de disparus ont décidé d'interpeller le président de la République par l'introduction d'un recours gracieux en annulation, déposé le 28 mars 2006”, informe le collectif des familles de disparus dans un communiqué rendu public hier. Et d'ajouter : “Ce recours, qui n'est qu'une première étape dans leur détermination à faire la vérité et la justice, sollicite expressément du président de la République l'abrogation de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ainsi que l'annulation de ses textes d'application au motif de leur illégalité au regard du droit algérien et du droit international qui considèrent que les disparitions forcées sont un crime contre l'humanité et sont donc imprescriptibles.” L'interdiction qui leur est imposée par une des dispositions de la charte de porter une quelconque plainte est assimilée par les familles de disparus à “un bien sinistre chantage pour un bien triste dessein”. Aussi exhortent-elles Bouteflika à ne pas faire de “la volonté populaire” une échappatoire pour justifier sa non-accession à leur doléance, puisque, à leurs yeux, l'on ne peut utiliser “décemment” un référendum pour “tirer un trait sur des milliers de tragédies individuelles”. Pour elles, avec la présente charte, l'Etat n'a fait que durcir “sa politique de l'oubli” contre des indemnisations comme “seule et unique solution” et dont l'octroi est conditionné par “l'obtention d'un jugement de décès qu'aucune preuve ne vient corroborer”. Et d'exprimer leur regret de ne pas être, à ce jour, au fait de la teneur du rapport de la Commission de Farouk Ksentini remis au président de la République le… 31 mars 2005. ARAB CHIH