Le séminaire sur la prévention contre les risques sismiques majeurs pour les ouvrages d'art et les infrastructures, organisé par l'Ichu et l'université M'hamed-Bouguerra de Boumerdès les 5 et 6 avril derniers, a été une occasion pour d'éminents spécialistes algériens en séisme de démentir les propos jugés alarmistes tenus par le Pr Chelghoum sur les dégâts d'un éventuel séisme. Le professeur avait affirmé, le 25 février dernier, lors d'une intervention au Sénat, que “tous les quartiers d'Alger seraient pratiquement rasés en cas de séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter”. Cette hypothèse, qui a créé une panique au sein des habitants de la capitale, n'a pas été du goût de beaucoup de chercheurs universitaires, professeurs et autres cadres du Craag. Pour Mohamed Merzougui, directeur du Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS) : “Affoler comme ça la population devant le numéro 2 de l'Etat en présence d'invités étrangers sans aucune étude sérieuse, c'est du n'importe quoi et c'est vraiment désolant.” Arguments à l'appui, M. Merzougui évoque le puissant séisme de Boumerdès qui n'a touché que 11% du parc logements de toute la wilaya. “Boumerdès, malgré le nombre de morts, est encore debout et même Istanbul avec ses 13 millions d'habitants n'aurait que 40 000 décès avec le même scénario. Comment peut-on dire qu'Alger compterait 167 000 morts”, explique-t-il, en ajoutant que ses services travaillent depuis deux ans avec de grands spécialistes japonais sur une étude microzonage du risque sismique pour l'agglomération algéroise. Cette étude englobe en plus de la capitale, avec ses 3 millions d'habitants, plus de 34 autres communes de la wilaya d'Alger qui totalisent plus de 1 800 000 habitants. “L'étude, qui s'étend de Aïn Taya à Aïn Benian avec une surface totale de 225 km2, sera prête vers le 1er trimestre de l'année 2007. Et c'est cette étude qui déterminera le risque sismique de chaque quartier de la capitale et pas autre chose”, soutient le directeur du CGS. Le professeur Benouar Djillali partage le même point de vue. “C'est de l'inconscience et c'est insensé”, a-t-il dit au cours de son intervention sur “l'introduction de la gestion des catastrophes”. Il affirme qu'“on n'a pas le droit de courir derrière le sensationnel en jouant avec les sentiments des gens et en les affolant sans aucune étude scientifique sérieuse”. D'autres experts sont eux aussi intervenus pendant deux jours, sur plusieurs sujets traitant des risques sismiques devant des cadres et des chercheurs venus des quatre coins du pays. C'est ainsi que le Dr Ayadi du Craag a animé sa conférence sur la sismotechtonique, le Pr Abadlia sur la conception des ouvrages d'art, Mohamed Cherif, directeur du CTC Centre, a parlé de l'expertise des ouvrages d'art alors que la journée de mercredi a été consacrée à d'autres thèmes se rapportant au même sujet et qui ont été animés par d'autres cadres du Craag et des universitaires. De nombreux spécialistes se sont mis d'accord sur des recommandations et l'adoption d'une stratégie qui réduit le danger en cas de séisme mais basée sur une étude scientifique faite par de vrais professionnels. M. T.