Lundi dernier, la petite localité de Ba Hammou, dans la commune de Talmine relevant de la daïra de Timimoun (Adrar), est sous le choc. L'effondrement d'un mur de la petite maison des Gherbab vient de provoquer l'irréparable. Les deux enfants Mustapha (5 ans) et Ayoub (1 an) qui se trouvaient à proximité sont en quelques secondes sous les décombres. Une masure construite, comme on en fait partout dans l'Algérie profonde, avec de la terre battue. Retirés de sous les gravats avec l'aide des voisins, les deux mômes sont évacués avec les moyens du bord vers l'hôpital de Timimoun où l'on constate, malheureusement, que l'aîné a rendu l'âme. Le père Ahmed et la maman n'ont d'autre choix que de s'occuper du bébé à demi-inconscient. Rencontré à l'hôpital Mustapha, le papa n'hésite pas à nous raconter sa triste histoire. Autour d'un petit repas qu'il a bien voulu partager avec nous, il s'en remet d'emblée à la fatalité : “C'est le mektoub, on ne peut rien contre la volonté de Dieu. C'est le mur de notre propre maison qui est tombé.” S'arrêtant un moment pour essuyer une larme, il confie qu'il a chargé ses proches de s'occuper des funérailles de son fils aîné. “Ma femme et moi prions sans cesse pour qu'Ayoub n'ait rien de grave”, soupire-t-il. Au niveau du service du Pr Redjimi à la clinique chirurgicale infantile (Mustapha), le bébé ne donne aucun signe apparent d'inquiétude. Selon le père, il est normalement nourri au sein, mais les médecins ne donnent pour le moment aucun diagnostic. Le père pense que son fils souffre d'un traumatisme crânien. Cependant, la question qui ne cesse de tarauder l'esprit de ce citoyen, comme pour le commun des mortels d'ailleurs, c'est toute la distance parcourue, à savoir de chez lui dans les confins d'Adrar jusqu'à Alger. Un voyage qui aura duré trois jours interminables égrenés en heures, minutes et secondes dans l'attente d'une hypothétique délivrance. Une nuit à l'hôpital de Timimoun, puis une deuxième à Ghardaïa avant une troisième journée de route vers Alger. En tout, ce sont quelque 1 500 km de route dans le stress et l'incertitude que les parents d'Ayoub ont parcourus. Amar Tou avait, quant à lui, parlé de renforcer le secteur de la santé dans les régions du Sud qui souffrent d'un manque crucial en spécialistes et équipements. Le cas du petit Ayoub ne sera certainement pas le dernier. ALI FARÈS