Pour la postérité, Abdelaziz Bouteflika, qui boucle aujourd'hui ses sept ans à la barre du bateau Algérie, restera, plus que le flamboyant chef de la diplomatie de Boumediene qu'il avait été dans les années soixante-dix, l'homme de la réconciliation nationale. L'histoire des nations est jalonnée d'œuvres dont la réalisation est intimement liée à des hommes. Souvent d'exception d'ailleurs. Pour la postérité, Abdelaziz Bouteflika, qui boucle aujourd'hui ses sept ans à la barre du bateau Algérie, restera, plus que le flamboyant chef de la diplomatie de Boumediene qu'il avait été dans les années soixante-dix, l'homme de la réconciliation nationale. Que cette entreprise de longue haleine connaisse aujourd'hui des couacs dans son application, avec notamment l'agitation irresponsable d'Ali Benhadj ou qu'elle suscite aussi des contradictions de la part des familles des victimes et des disparus, le fait est là : elle a permis au pays d'en finir avec la violence islamo-terroriste et d'entrer dans un cycle de fonctionnement normal. Outre la réconciliation nationale qui est sa grande affaire, Abdelaziz Bouteflika, grand connaisseur du système politique algérien, a également cassé le bicéphalisme qui existait entre El-Mouradia et les Tagarins. Partant de sa célèbre phrase : “Je ne veux pas être un trois quarts de Président”, il a réussi à faire de l'institution présidentielle le seul centre d'impulsion de la vie politique du pays, tandis que la grande muette, que des circonstances exceptionnelles ont amenée à assumer des positions politiques, retrouve aujourd'hui sa vocation naturelle de bouclier de la nation. Il s'agit là d'une véritable rupture “épistémologique”, loin d'être évidente, qui augure désormais d'une plus grande lisibilité du jeu institutionnel du pays. Mais comme un bilan est toujours fait de lumière et d'ombre, il faut aussi inscrire au débit du président Bouteflika sa tendance au bonapartisme, marginalisant du coup le Parlement et asphyxiant les partis de l'opposition qui ont quasiment perdu toute visibilité sur la scène. Ce mode opératoire, qui pouvait trouver son explication dans les années soixante-dix, durant lesquelles Houari Boumediene était le seul maître à bord, ne se justifie plus à l'époque que nous vivons, où le développement des nations se mesure aussi à la capacité de leurs gouvernants à respecter les libertés politiques syndicales et journalistiques. L'Algérie ne doit pas, signature de conventions internationales oblige, rester à la traîne sur ce registre qui, de notre point de vue, doit être la prochaine priorité du président Bouteflika. Histoire d'achever en apothéose son second mandat. N. S.