RESUME : Déçu et attristé par le décès de son ami, Salim décide de rentrer chez sa tante. Mais à l'entrée de l'immeuble il croise Leïla. Une course-poursuite est engagée. Leïla glisse et tombe. Salim la rattrape et s'agenouille devant elle. - Oh, mon Dieu ! Elle a perdu connaissance. Il se relève et cherche des yeux quelqu'un pour l'aider. Il hèle une voiture qui s'arrête aussitôt. Soulevant Leïla dans ses bras, Salim demande à l'automobiliste de les conduire à l'hôpital. Une heure plus tard, Salim est rassuré par le médecin. - Votre femme n'a rien, juste une petite contusion au bras et quelques égratignures, bien sûr le choc lui a fait perdre connaissance. Mais tout çà est de l'histoire ancienne, heureusement que le bébé n'a rien. Je craignais une fausse couche. - Le bébé ? Salim sent un vertige s'emparer de lui et s'appuie à un pilier. - Oui, votre femme est enceinte de deux mois, vous ne le saviez pas ? Salim reprend son souffle difficilement. Il essaye tant bien que mal de réguler sa respiration. - Vous êtes bien sûr qu'il s'agit de ma femme ? Le médecin, stéthoscope entre les mains, le regarde curieusement. - Je pourrais vous certifier une chose, jeune homme. Je ne sais pas si cette femme est la vôtre, mais c'est la première urgence que je reçois en prenant mon tour de garde ce soir. C'est la femme que vous avez ramenée vous-même d'ailleurs. Salim remercie en balbutiant des excuses et court à la salle de consultation où Leïla tente, tant bien que mal, de remettre de l'ordre dans ses cheveux. A la vue de Salim, elle suspend son geste et le regarde émue. - Pourquoi m'as-tu suivie ? dit-elle au bout d'une éternité… - Et toi, pourquoi es-tu partie ? - Je voulais ton bonheur. Je voulais que tu refasses ta vie, que tu aies des enfants. Salim s'approche et lui prend les deux mains. - Le médecin m'a dit que… Il n'arrivait pas encore à le croire, ni à dire le moindre mot. Il laissa sa phrase en suspend et Leïla enchaîna : - …que je suis enceinte. Oui, je le sais. - Mais alors, je ne comprends plus rien, je ne te suis plus Leïla. Elle lui caresse les cheveux et le visage et le contemple un moment avant de chuchoter : - Je n'étais pas sûre. Avec tous les diagnostics tombés tels un couperet, avec toutes les promesses des médecins, je ne croyais plus à rien. Certes, j'avais quelques malaises en quittant Alger, mais j'ai mis çà sur le compte de la fatigue. Le médecin vient de le confirmer, je suis enceinte de deux mois, Salim. Elle se met tout à coup à crier : Salim, tu m'entends, je suis enceinte ! Enceinte ! Nous allons avoir un enfant ! Salim était cloué par l'émotion qui avait eu raison de lui. Une infirmière vient et lui tend un verre d'eau qu'il avala tel un automate. C'était au tour de Leïla de s'inquiéter de la santé de son mari. Mais Salim revient à la réalité et, soulevant sa femme dans ses bras, il la serra très fort. - Merci mon Dieu. Merci mon Dieu, ne cessait-il de répéter. Tu m'as comblé, je retrouve ma femme, et Tu m'offres en plus le plus beau cadeau de ma vie… un enfant. Leïla, nous allons avoir cet enfant du miracle que nous avons attendu tant d'années. Et sans fausse pudeur, ils pleurèrent à chaudes larmes. Quelques jours plus tard, Leïla et Salim rentrèrent au pays et attendirent patiemment leur enfant qui naîtra un jour de printemps. Un jour où le miracle de la nature transforme le froid en beauté et la tristesse en amour. Y. H. Fin