Les usagers peuvent encore choisir d'emprunter, sur certaines lignes, les bus de l'ETO qui, eux, ont permis de rétablir la notion de service public dans le transport. Malheureusement, la nouvelle régie ne dispose, jusqu'ici, que d'un parc d'une cinquantaine de bus affectés aux lignes 11, B, U. Hypertendus et stressés ! Tels sont, à notre sens, ce qui caractérise le mieux les Oranais usagers des transports publics. Une situation qui plus est aggravée, ces dernières semaines, par l'insécurité et les rumeurs persistantes d'agressions et de “braquages” visant des bus et leurs occupants, perpétrés par des bandes armées. Bien sûr, il n'en est rien, mais c'est là un signe d'un malaise profond. Depuis des années, les responsables locaux en charge du secteur, qui n'ont, en fait, aucune idée de ce que cela implique concrètement de prendre chaque jour un bus pour se rendre sur son lieu de travail, ressassent la même chose, “la désorganisation du secteur”, comme explication aux éternels problèmes de transport en commun et de circulation. Ils ne parviennent toujours pas à apporter des solutions concrètes à la hauteur du problème ni à penser à une politique de transport à même de satisfaire les usagers qui sont des milliers. On tente, çà et là, des aménagements, de petites solutions qui ne peuvent être que des répits momentanés. Ainsi, tout récemment, en effet, des arrêts de bus du centre-ville, place des Victoires, par exemple, ont fait l'objet d'aménagement par la réalisation de couloirs uniques pour les bus qui doivent marquer un arrêt. C'est là, il faut le reconnaître, une bonne initiative pour éviter que lesdits bus ne bloquent le flux des véhicules par leur stationnement prolongé aux arrêts. Mais, malheureusement, les transporteurs privés n'ont pas pour autant changé leurs mauvaises habitudes en restant parfois 10 minutes à un arrêt, l'embouteillage donc existe toujours, il est tout simplement décalé. Là, il s'agit, certes, du non- respect de la réglementation par les chauffeurs de bus qui dictent toujours leur loi, c'est-à-dire faire le plein en entassant, sans aucun respect, les usagers avant de devoir redémarrer et poursuivre leur circuit. L'arrivée sur le “marché” du transport public en commun de la nouvelle société publique de transport l'ETO, au statut d'Epic, n'est pas parvenue à relever le niveau des autres transporteurs qui restent des spéculateurs qui se sentent en position de force, presque de monopole, en l'absence d'un autre mode de transport dans la ville.Dans cette situation, l'on nous parle ainsi et ce, depuis trop longtemps, d'un nouveau plan de circulation. Cela fait des années qu'il est en élaboration, à l'étude. Mais ce qui est le plus attendu et qui devrait constituer un début de solution pour l'amélioration des moyens de transport en commun, c'est le projet de tramway pour Oran. Là encore, les Oranais sont toujours dans l'attente et suivent de loin son avancement. Aux dernières nouvelles, les travaux de la ligne de tramway, place du 1er-Novembre-Es Sénia, démarreront début 2007. L'Entreprise du métro d'Alger a été chargée des avis d'appel d'offres pour désigner les bureaux d'études qui se chargeront du suivi des travaux. Les entreprises de réalisation n'ayant pas encore été retenues. L'Algérien ayant l'humour et la moquerie faciles, les Oranais, plus particulièrement, se demandent donc si l'on ne vas pas leur jouer un feuilleton tragicomique comme celui du métro d'Alger ! D'ores et déjà, ce projet du tramway va devoir songer à relever le défi pour répondre aux besoins de transport des milliers de citoyens qui vont peupler les grands ensembles urbains en constructions à l'est de la ville.Dans ces grands ensembles qui sont en train de naître à la périphérie d'Oran : l'Usto, haï Sabbah, Seddikia, haï Khemisti, etc., les urbanistes, concepteurs d'une autre époque, assurément, qui sont sollicités à Oran, ont alignés des dizaines et des dizaines d'immeubles en béton sans âme, sans style, sans avoir pensé une seconde à y créer des centres de vie, des centre-villes pour ces cités gigantesques où l'on sent déjà la mal-vie qui y régnera. Car si les pseudos aménageurs ont trouvé la solution de facilité en programment l'extension de la ville d'Oran, au détriment des terres agricoles qui existaient “jadis” à l'est de la ville, ils n'ont à aucun moment songé à sortir du centre-ville d'Oran. Un centre-ville conçu et construit par le colonialisme français pour une population à l'époque réduite. Aujourd'hui, Oran c'est un million d'habitants, et au rythme où elle se développe, le nombre d'habitants pourrait atteindre le million et demi. Belle perspective de pagaille en vue ! F. Boumediène