“La réforme bancaire inscrite parmi les priorités du programme du gouvernement et tant attendue par les opérateurs et investisseurs algériens et étrangers n'arrive toujours pas à s'accélérer au rythme souhaité par tous”, a déclaré, dans un entretien à AAI, le président de l'Association des banques et établissements financiers. Mis à part le volet de l'assainissement du portefeuille des banques publiques (BNA, CAPA, BADR, BEA, BDL) et leur recapitalisation qui s'est achevée, les deux autres volets sur lesquels se fondent cette réforme, à savoir le développement du système de paiement et celui de la monnaie électronique (de paiement pour l'achat de produits et carte de retrait d'argent), ont accumulé par contre beaucoup de retard, a estimé le secrétaire général de l'Association des banques et des entreprises financières (ABEF), M. Benkhalfa. Il ajoute que “les doses de modernisation apportées jusque-là au système bancaire sont encore insuffisantes et que le rythme actuel de cette modernisation devrait être encore soutenu et multiplié par 2 où 3 pour être au rendez-vous fixé initialement à 2004-2005”. La modernisation doit se faire d'abord, selon lui, à l'intérieur des grandes banques publiques qui, à elles seules, se partagent 80% du marché national. Cet effort doit porter sur le développement du réseau de l'informatique, de la monétique que certaines banques ont déjà commencé à utiliser, mais à un niveau insuffisant, a-t-il précisé. La Satim (filiale créée par les banques et chargée de la monétique) est en train de développer une solution monétaire interbancaire pour permettre à l'avenir à un détenteur d'une carte de CPA par exemple de retirer son argent de la BNA, de la BDL ou autre et dans n'importe quel endroit du pays. Cet effort est mené à un rythme lent, a-t-il relevé, et n'avance pas comme souhaité par la profession et ce, en raison de la non-performance du réseau des télécommunications. C'est pour cela que les banques tentent, explique Benkhalfa, d'avoir leur propre réseau de télécommunications. Afin d'atteindre cet objectif, les banques ont créé une nouvelle société, Société des services interbancaires (SIB), qui va commencer à travailler prochainement. Cette société va discuter avec l'opérateur public de télécommunications Algérie-Télécom pour mettre en place une plate-forme commune qui sera gérée selon d'autres règles que le réseau public existant. Ce réseau, selon Benkhalfa, est “un réseau privatif qui doit être non seulement équipé de façon performante, mais doit être suivi avec une maintenance de proximité. Il faut que la panne soit proche de zéro et qu'il soit mis au point, à la fois pour transmettre des informations mais aussi pour traiter des transactions à distance, pour éviter que le papier qui est en train de circuler ne bloque pas la machine”. Pour lui, cette plate-forme est considérée non pas “comme une infrastructure bancaire, mais comme un aménagement du territoire”. Il faut que les banques puissent disposer d'autoroutes de circulation de l'information sécurisée pour qu'elles puissent faire le traitement à distance. La mise en place de ce dispositif dépend de la dynamique, du niveau de la concertation et du niveau de maîtrise des deux sociétés (SIB et Algérie-Télécom). “Tout retard dans ce dialogue et dans la constitution de cette plate-forme des télécoms-bancaires entraînera un autre retard qui va chambouler le calendrier de la modernisation dont l'échéancier est prévu pour 2005”, affirme le même interlocuteur. Cette plate-forme est à la base non seulement du traitement de chèque, qui est le principal instrument de paiement en Algérie, mais également de la carte de paiement électronique, a-t-il encore ajouté. “La modernisation ne concerne pas uniquement les banques, sa réussite dépend également de la profession représentée par l'ABEF, la Banque d'Algérie, des pouvoirs publics, car il s'agit d'une industrie bancaire nationale à mettre en place comme nous avons mis la téléphonie, les autoroutes et l'électrification du pays”, a souligné le responsable bancaire.