Le ministre de l'Information et de la Communication a annoncé, hier, la préparation d'une loi relative à la lutte contre la cybercriminalité. Intervenant à l'ouverture du premier sommet sur l'accélération des changements par les technologies, organisé par la boîte VIP à l'hôtel El-Aurassi, Boudjemaâ Haïchour a justifié une telle décision par “la complexité” de l'environnement dans lequel nous évoluons, ainsi que par l'évolution des technologies d'information et de communication en affirmant que le pays se dirige droit vers “la société d'information”. Le ministre a, en outre, rappelé que des informations font état d'au moins un million de sites sur l'Internet versés dans la criminalité sur les 80 millions sites existants. L'élaboration d'une loi nationale va permettre, selon lui, de “sécuriser” les informations et préserver “l'authenticité” des documents des entreprises, administrations et institutions. Aujourd'hui, un pays comme l'Algérie ne peut se cacher la face, alors qu'il s'est inscrit dans l'économie de marché, qu'il a signé l'accord d'association avec l'Union européenne et qu'il s'apprête à rejoindre bientôt l'Organisation internationale du commerce (OMC). Il doit donc se doter des moyens de protection et des réflexes qui s'y rattachent, d'autant que les affaires (richesses et informations) se démultiplieront et emprunteront, plus que par le passé, la voie de l'informatique. Le développement si nécessaire des nouvelles technologies comporte, en effet, le revers de la médaille : l'informatique déborde le cadre des piratages individuels et a investi d'autres réseaux mondiaux, accueillant des mafias du cybercrime (blanchiment d'argent, trafic et prostitution, menace sur le fonctionnement des Etats). Hier, le représentant commercial de la société américaine Internet Security Systems a abordé avec Liberté la question des “vulnérabilités inhérentes à tout système informatique”. Loïc Lebot a fait remarquer que la tendance, depuis 2005, est au vol d'identité des individus et des entreprises par des pirates de l'informatique aux fins de s'enrichir. Il a également parlé de l'autre tendance, qui consiste pour des organisations mafieuses à exercer du chantage sur des entreprises, après exploitation sur le plan informatique de leur vulnérabilité. “On voit des chantages exercés par ces organisations, qui mettent des systèmes de contrôle à distance”, a-t-il expliqué, en plaidant pour la mise en place de “mesures informatiques de protection” pour les entreprises et organismes gouvernementaux “visibles sur Internet”. M. Lebot a aussi insisté dans le même temps sur “l'éducation”, pour une utilisation raisonnable de l'informatique qui s'appuierait sur “la connaissance des attaques et des vulnérabilités”. “Il faut se lancer sans réserve dans l'utilisation d'Internet, qui est à la fois un accélérateur de changement et un éclairage dans le monde, pour le développement des affaires, mais à condition que dès le départ les solutions de sécurité soient mises en place”, a avancé le responsable commercial. Un autre invité du sommet de VIP, en l'occurrence le président du groupe canadien Forest, a reconnu que son pays et l'Algérie possèdent en commun “l'immensité du territoire” et les “défis de modernisation”. Le spécialiste de “l'accompagnement du changement culturel dans les organisations” a signalé que les technologies de l'information sont “un moteur puissant” de changement, de compétition et d'évolution, pour peu que le pays ou l'entreprise, grande ou petite, trouve “sa place” dans le jeu des échanges. Le Canada, pour rappel, a joué un rôle de premier plan dans l'élaboration des technologies de l'information et dans la manière de les utiliser. Divers ministères et organismes publics s'occupent de la cybercriminalité dans ce pays, dont les solutions résident dans “l'application de la loi, de la sécurité nationale, de la justice pénale, du secteur privé, de la politique étrangère, de l'infrastructure critique et des questions sociales”. Le Canada est également membre actif de nombreuses instances internationales, intéressées par les questions du terrorisme, de la cybercriminalité et de la cybersécurité. Hafida Ameyar