Abandonner toute une population à son triste sort dans des régions déshéritées où le strict minimum fait cruellement défaut ne peut qu'aboutir à la révolte. La grogne et le mécontentement des citoyens ne cessent de se multiplier de jour en jour, à tel point que les habitants des quartiers Achache et Messaaba sont, récemment sortis dans la rue. Manifestant leur colère ils ont dressé des barricades en brûlant des pneus pour revendiquer l'amélioration de leur cadre de vie. Livrée à elle-même depuis des années, la population d'El Oued assiste impuissante à la dégradation de son environnement. La sourde oreille des autorités locales les a contraints à prendre leur destinée en main et à faire du bruit pour que leur voix parvienne enfin à qui de droit. Qui mieux que la rue pour contenir toute leur colère et leur ras-le-bol ? Ils l'investiront à plusieurs reprises pour faire aboutir de simples revendications telle la réfection du réseau d'assainissement dont les eaux usées s'écoulent à ciel ouvert. Les anciens quartiers de la ville d'El Oued connaissent, depuis des dizaines d'années, une dégradation flagrante en matière d'urbanisme, d'environnement et d'aménagement. Des quartiers populaires tels que El Assnam, Oum Selma, Ouled Ahmed, Nezla, Achache, Messâaba, Sidi Mestour, Gara Ouest, Enassim et Assaada sont de vrais exemples de cette dégradation et accusent du retard, en matière de développement local. Selon les citoyens, ces quartiers partagent des dizaines de dépotoirs et des décharges sauvages estimés à plus de 220 éparpillés dans les différents quartiers de la ville. Ils ont été créés à la suite du remblaiement partiel des “Ghouts” stagnantes à cause du phénomène de la remontée des eaux qui frappe la région depuis les années 1980. Il aura, ainsi, détruit plus d'un million de palmiers et contraint environ 50 000 familles au chômage forcé.Certaines associations de l'environnement ont signalé l'existence de centaines d'écuries, de poulaillers en plein centre-ville. Cela étant, l'entassement des gravats de murs effondrés et d'habitations détruites jonchent les rues étroites des quartiers Messaaba et Achache, longtemps, critiqués par les hôtes de la ville et les touristes étrangers qui s'interrogent sur l'absence des autorités locales. Outre leurs revendications pour l'amélioration de leur cadre de vie, les citoyens des principaux quartiers de la ville, qui compte 160 000 habitants, demandant de l'eau potable, notamment durant la saison des chaleurs, ainsi que le goudronnage des principales rues et le raccordement du gaz de ville ainsi que d'autres commodités nécessaires liées à leur quotidien. B. Khaldi