Les participants à la conférence nationale sur les droits socioéconomiques organisée ce week-end par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), au siège de la fondation Frederik-Ebert à Alger, ont été unanimes à relever que les libertés syndicales, seul moyen garant de la sécurité des travailleurs contre toute forme d'exploitation, sont malmenées. Et rien de plus édifiant, à leurs yeux, que le traitement réservé par les autorités aux syndicats autonomes. Outre le refus de leur délivrer des agréments pour nombre d'entre eux, leurs dirigeants sont en majorité sous le coup de poursuites judiciaires, relèvent-ils à l'unisson. Président d'honneur de la LADDH, Me Ali Yahia Abdenour, fidèle à sa rhétorique, a d'emblée annoncé la couleur : “Face à la royauté et à la dictature, les droits sont politiques, et face au capitalisme, ils sont d'ordre socioéconomique.” C'est pourquoi, il propose en lieu et place du Sénat, une institution “budgétivore”, dit-il, la création d'une chambre économique et sociale dont la mission serait la prise en charge des préoccupations des travailleurs. Avocat de métier, Me Ahmine, de son côté, intervenant sur le thème “Pacte international et les droits socioéconomiques”, a émis le vœu de la création d'une espèce de cour internationale des droits économiques, laquelle, à l'image de la cour pénale, veillera à appliquer les droits humains dans tout pays. Les avocats, Me Bouchiba et Ali Meziane, eux, ont fait le procès de la justice, accusée d'être instrumentalisée par le pouvoir politique pour étouffer les libertés syndicales. “La justice n'est pas libre, ni intègre”, a estimé Me Bouchiba qui a proposé au passage la création d'un observatoire des libertés. “On essaye d'atomiser les syndicats”, a dit Me Meziane non sans ajouter que “la justice est loin de l'indépendance”. Si le Cnapest relève “qu'il y a une situation de restriction des libertés et de déni d'existence”, d'où son appel à “un appui”, le CLA, lui, affirme que “le régime n'admet pas le pluralisme”. Le SG du CLA, Redouane Osmane, a ainsi plaidé pour “l'organisation d'une résistance qui doit déboucher sur une alternative globale”. Ancien premier secrétaire du FFS, Ahmed Djeddaï, lui enfin, s'est prononcé “pour la multiplication dans tous les domaines”, en suggérant la création d'un forum permanent qui doit regrouper toutes les libertés. Il est à noter qu'une déclaration sera rendue publique aujourd'hui par la LADDH. Elle intervient, il est utile de le noter, à la veille de la célébration de la Fête internationale du travail. KARIM K.