Ce matin, à 9h, s'ouvrent les travaux d'un colloque international sur le thème : “Presse-Justice : dialogue ou confrontation ?” Cela se passe à l'hôtel El-Marsa, à Sidi-Fredj. Ce colloque coïncide avec la Journée internationale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai de chaque année. Organisé à l'initiative d'un pool de journaux privés (El Watan, El Khabar, L'Epoque, El-Fedjr, Le Soir d'Algérie, et Liberté), ce colloque d'une journée réunira des magistrats, des avocats, des spécialistes du droit de l'information ainsi que des éditeurs, des journalistes et autres personnels du monde des médias. Comme son intitulé l'indique, cette rencontre devra se pencher sur les rapports souvent “tumultueux” entre juges et journalistes. Entre ceux qui “disent le monde” et ceux qui “disent le droit”. Cinq conférenciers devront donner des communications à cette occasion. Il s'agit de MM. Djamel Aïdouni, magistrat à la cour d'Alger et président du Syndicat national des magistrats ; Jean-Yves Monfort, éminent magistrat français, ancien président de la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris (la chambre de la presse), et officiant présentement au tribunal de grande instance de Versailles, ainsi que les avocats Me Yahia Chakir, Me Khaled Bourayou et Me Jean-Yves Dupeux, auteur de Liberté de la presse et droits de la personne (Ed. Dalloz, 1997). Ce colloque, est-il utile de le souligner, intervient dans un contexte marqué par une certaine tension entre une partie de la presse privée et l'appareil judiciaire présenté comme le “bras séculier des autres pouvoirs”, selon le mot de M. Ali Ouafek, directeur général de Liberté. Une justice que d'aucuns n'hésitent pas à qualifier de “justice aux ordres”, notamment depuis la très houleuse affaire Benchicou. “Ils sont au moins 18 journalistes à avoir été condamnés à la prison ferme par la justice algérienne au cours de la seule année 2005”, notait le Comité Benchicou pour les libertés. Plutôt donc une logique de confrontation que de dialogue si l'on devait tenir compte de cette comptabilité peu reluisante. À telle enseigne que l'expression “harcèlement judiciaire” à l'endroit de la profession fait partie intégrante du dictionnaire juridico-médiatique. Pour nombre d'observateurs, les tribunaux sont l'arène par excellence du bras de fer pouvoir-presse et les cours de justice le mouroir des libertés. “La justice enregistre un déficit en culture juridique, en honnêteté et en courage”, assénait avant-hier Me Hocine Zehouane, président de la LADDH, lors d'un débat abrité par la Fondation Friedrich-Ebert sur le délit de presse. Au reste, le corpus des codes répressifs qui pénalisent l'exercice de la profession n'augure pas de “meilleurs mardis”, et la “largesse” de Bouteflika de gracier les journalistes ayant écopé d'une condamnation n'est qu'un “geste isolé” dans un système plombé de partout. M. B.