La conclusion d'un accord aérien bilatéral, à la demande d'Ottawa, permet aux compagnies outre-Atlantique, notamment Air Canada, d'ouvrir des dessertes en direction de l'Algérie. La nouvelle a de quoi décevoir la diaspora algérienne au Canada. En même temps, elle recèle des notes d'optimisme, pour les desseins inavoués qu'elle inspire. Explication. Au grand dam de nos compatriotes établis outre-Atlantique, Air Algérie publiait, hier, un placard publicitaire dans les journaux annonçant l'ajournement de l'ouverture de la ligne Alger-Montréal, prévue cet été, précisément en juin. La compagnie nationale dit avoir été “informée (par la partie canadienne) que la délivrance de la licence d'exploitation est conditionnée par la conclusion d'un accord aérien”. Pourquoi les autorités aéroportuaires canadiennes posent-elles ce préalable maintenant alors que visiblement tout était entendu ? Tout semblait bien parti en effet. Il y a quelques semaines, la compagnie aérienne nationale obtenait le certificat d'exploitation canadien pour les compagnies étrangères (FAOC). Cette autorisation émanant de Transport Canada lui a été délivrée suite à l'audit d'une mission d'experts qui s'est rendue en Algérie en mars dernier pour inspecter ses capacités techniques et opérationnelles. Restait un dernier obstacle à franchir auprès de l'Office des transports du Canada, détenteur de la licence d'exploitation. Cet organisme, qui fait office d'autorité en matière d'aéronautique dans tout l'état fédéral, examine les demandes de licences et de permis d'affrètement des transporteurs aériens canadiens et étrangers et veille à l'application des exigences touchant la délivrance de ce genre de permis. Par ailleurs, il participe à la négociation et à la mise en œuvre des accords aériens et administre les tarifs aériens internationaux. À ce jour, l'office a ratifié des accords aériens avec plus de 70 pays. Ces traités comportent des privilèges en matière de trafic et d'itinéraires. Cependant, ces avantages ne profitent pas uniquement aux compagnies étrangères, mais également aux compagnies locales qui ont ainsi l'opportunité d'exploiter les mêmes lignes que leurs homologues des pays signataires. Il est tout à fait légitime qu'Air Canada ou toute autre entreprise aérienne canadienne veuille desservir l'Algérie. La manne des passagers, près de 50 000 Algériens implantés au Québec et dans les autres Etats de la fédération a de quoi aiguiser leurs appétits. Si c'est le cas, il est pour le moins étonnant que les entreprises canadiennes n'aient pas exprimé ce genre d'ambitions plus tôt. Notre communauté en Amérique du Nord aurait pu ainsi en profiter. Malheureusement, elle devra encore s'armer de patience car les vols sans escale pour l'Algérie ne sont pas encore pour demain. Dans son communiqué de presse, la compagnie nationale regrette ce report, en dépit de “la diligence mise en œuvre et les efforts déployés aussi bien par elle que par les autorités algériennes pour l'aboutissement rapide du dossier”. Joint au téléphone, Tayeb Benouis, P-DG d'Air Algérie, s'en est tenu aux termes du communiqué. Pour sa part, l'ambassade du Canada à Alger par la voix d'Eric Mercier, premier secrétaire et consul, souligne que ce report a des motivations uniquement “techniques”. Selon lui, il ne faut pas occulter les “progrès importants réalisés dans le cadre des négociations bilatérales pour la mise en place de la desserte montréalaise”. À la question de savoir si cette ligne serait ouverte avant la fin de l'année, notre interlocuteur ne se prononce pas. Pour rappel, la demande algérienne pour l'ouverture de la ligne Alger-Montréal date de 6 ans. Après une longue résistance, le gouvernement fédéral a consenti à la traiter, sans toutefois lever toutes les entraves. SAMIA LOKMANE